9 octobre 2009

Enquête sur un Zippo inconnu

J’avais depuis longtemps par devers moi un briquet de marque Zippo trouvé en Asie du Sud-Est.

Sur ce briquet, des marquages (un slogan, un insigne, une date, un lieu, un nom) mais surtout des incertitudes et des inconnues. Incertitudes sur le fait de savoir si ce briquet était un authentique Zippo des années 60 ; inconnues dans le fait de voir un insigne de l’armée que je ne connaissais pas du tout.

Après quelques recherches et de précieuses aides extérieures (1), j’ai finalement eu toutes les réponses que je souhaitais.

Ainsi puis-je présenter maintenant ce Zippo et donner quelques éléments d’explication sur celui-ci.

Le briquet

Sur le Zippo lui-même, il s’avère que c’est bien un Zippo authentique, datant de 1964. L’attestent, les deux points encadrant la marque « Zippo » sur le fond du briquet (un peu à gauche du « Z » et à droite juste au dessus du ®), ainsi que la concordance avec le numéro de modèle (Pattern 2517191).


Le contexte et les gravures

Nous sommes au Vietnam, dans les premières années de la guerre. Suite aux incidents survenus entre le 2 et le 4 août 1964 dans le Golfe du Tonkin (entre destroyers US et vedettes lance-torpilles du Nord Vietnam), c’est l’engagement massif des Américains ordonné par le Président américain d’alors, Lyndon B. Johnson.

Début février 1965, des bases US sont attaquées, dont celles de Pleiku et de Qui Nhon. C’est le début de l’escalade.

Entre 1964-1965 (date figurant sur le Zippo) les soldats US ne sont pas encore du contingent ; la plupart de ceux qui servent là-bas sont encore des conseillers, des formateurs du MAC/V (Military Assistance Command / Vietnam) et/ou des hommes de la CIA.

Parmi ces formateurs et spécialistes, des démineurs. Ils sont brevetés EOD (Explosive Ordnance Disposal), l’équivalent à peu près de notre NEDEX français (Neutralisation et Destruction d’Explosif). L’insigne présent sur le Zippo est celui du deuxième degré EOD (Senior EOD), que devait avoir le propriétaire du briquet. Ces spécialistes étaient regroupés en équipes EOD opérant aussi bien sur terre que dans l’eau, neutralisant tant des bombes non explosées, que des explosifs improvisés (IED). Ces techniciens appartenaient soit à l’armée de terre, à l’armé de l’air, à la Marine ou encore au corps des Marines.

Une EOD Team au Vietnam au milieu des années 60.
Qui Nhon (nom de lieu figurant sur le Zippo) est la capitale de la province de Binh Dinh, en Annam (Vietnam). Elle possède un grand port. Comme dans d’autres endroits du territoire du Sud Vietnam, les soldats US étaient stationnés dans de grandes bases. Dans cette ville un grand nombre d’explosifs y furent « traités » entre 1964 et 1967 par les services spécialisés. Dans cette base de Qui Nhon - où il allait y avoir bientôt aérodrome, hôpital, casernements, dépôts, etc. - furent basée un temps différents unités EOD (US Army, USN, USAF, USMC). Il y a donc congruence entre le lieu et l’unité.

Le slogan présent sur une des faces du Zippo est assez caractéristique de ceux utilisés par les unités allant au contact, qui risquaient souvent leur vie en opération, tels les parachutistes ou les démineurs. Le « Live it up ! » est typique de ces unités d’élite.

Reste encore une question en suspend, le nom « Ho Huu Dix » qui apparaît derrière l’insigne EOD. C’est sûrement la première gravure qui ait figurée sur le briquet. Il se pourrait peut-être qu'il s’agisse du nom de celui qui a réalisé la gravure. Néanmoins, compte-tenu de l’endroit où ce nom se trouve gravé, cela est peu probable. Alors, il y a une autre explication. Une hypothèse pourrait être avancée : le premier propriétaire de ce briquet aurait été ce « Ho Huu Dix », lequel fut - compte-tenu du patronyme - en toute vraisemblance, un soldat de l’armée du Sud-Vietnam ; par la suite, le Zippo changea de main et c’est à cette occasion que les autres gravures y furent apposées.

Conclusion

« Montrez-moi un briquet, je vous trouverai une histoire… » .
C’est un peu ce qui est arrivé. Et il est toujours plaisant de faire ce cheminement de la petite histoire à la grande, d’effectuer ce « retour-amont » comme dirait un René Char. Les choses se disent, prennent sens et finalement éclairent.

Il en va des briquets comme de ces tableaux chinois sur lesquels figurent les marques des différents propriétaires; l'on peut ainsi voir et retracer l'histoire du tableau depuis son premier acquisiteur.

(1) Je tiens personnellement à remercier ici chaleureusement : John Conway, Mark Bacon, Linda Meabon, Don Lenny et Robert Munoz. If you read this page, be sure that I’m deeply grateful for your help !

1 commentaire:

  1. C'ets fascinant tout ce qu'on peut retrouver de l'histoire grâce à un Zippo! j'adore les Zippo de collection (pas les Zippo de collection Johnny Hallyday ;-) )

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