19 mai 2011

Le complot

La particularité dans la « théorie du complot », c’est qu’elle se suffit à elle-même. Elle clôt le débat, elle néantise toute réflexion, toute compréhension rationnelle. Portons-y quelque attention.

Question de sens

Rien n’est simple. Ce n’est pas parce qu’il y a des informations cachées, inconnues, voire « troublantes », que tout ceci se passe dans un milieu que l’on ne connaît pas ou guère, qu’il s’agit nécessairement d’un complot. Il est parfaitement naturel et légitime que, dans la vie politique nationale ou internationale, il y ait des informations non révélées au grand public ; il en va de la bonne marche et de la stabilité de l’Etat, comme du monde. C’est la base même de toute diplomatie. Combien d’informations divergentes, d’explications nouvelles n’ont été, à travers l’Histoire, révélées que plusieurs années, décennies voire des siècles plus tard. Cela ne fait pas de tous ces événements nécessairement des « complots ».

Pour autant, il ne convient de dire qu’il n’y a jamais complot. Encore faut-il savoir ce que l’on entend par là. Si l’on s’en tient aux définitions les plus rigoureuses, le complot est :
- Un « mauvais dessein formé entre deux ou plusieurs personnes » (Dictionnaire de l’Académie Française, 5ème édition).
- Une « entreprise formée secrètement entre deux ou plusieurs personnes contre la sûreté de l'État, contre quelqu'un ou contre une institution » (Op. Cit., 9ème édition).
- Un « dessein secret, concerté entre plusieurs personnes, avec l'intention de nuire à l'autorité d'un personnage public ou d'une institution, éventuellement d'attenter à sa vie ou à sa sûreté » (Trésor de la Langue Française).



Etymologiquement, ce mot révèle un « accord commun, intelligence entre des personnes » ; il s’agit strictement d’un modus operandi ; quant à la finalité, elle n’entre pas ici en ligne de compte. Le but, la finalité de la « coalition d’intérêt » étant, lui, devenu peu à peu, à travers le temps, néfaste, sombre, bref, connoté négativement ; c’est le sens que nous donnons à ce mot aujourd’hui. Dans le complot, il y a secret POUR nuire. C’est pourquoi l’existence du secret ou du caché seul, indépendamment de la considération sur sa fin, n’est pas nécessairement preuve de l’existence d’un « complot ».

La où la chose se complique, c’est lorsque nous entrons dans le champ du politique. Dans un essai attribué à Jonathan Swift (1), l’auteur dit clairement que « Le mensonge politique est l'art de convaincre le peuple, l'art de lui faire accroire des faussetés salutaires et cela pour quelque bonne fin ». Ici, le mensonge politique ne peut pas être considéré comme un complot à proprement parler car il est mis en œuvre « pour quelque bonne fin ». Le tout étant de savoir pour qui ? Une « bonne fin » pour celui qui ment ou pour celui qui est l’objet de ce mensonge ? La question de la finalité de l’acte prend ici toute sa dimension cruciale.

De l’utilisation du terme « complot »

Lancer le terme « complot » alors que l’on se trouve face à une affaire que l’on ne comprend pas ou dont on saisit mal les contours, les finalités, révèle une fausse intelligence et/ou un comportement paresseux. Qualifier tel événement de « complot », c’est s’abstraire de toute autre explication ; c’est se satisfaire du seul fait que l’on « sait » que c’est un « complot » ; c’est en définitive de la paresse intellectuelle.

Une fois posée la thèse du complot, si complot il y a, il faut poursuivre et tâcher de dessiner, de deviner les rouages, les articulations, les buts réels sous les buts cachés, les intervenants mineurs et majeurs, etc. C’est mettre à jour le ou les dessein(s), les donneurs d’ordres et les acteurs initiés ou non au dit complot ; bref, c’est expliciter la chose ou, en tout cas, tenter de le faire. C’est la raison pour laquelle, souvent, une thèse du complot ne peut être révélée et avalisée que beaucoup plus tard, lorsque les esprits sont apaisés, lorsque le temps de l’Histoire a fait son œuvre et quelque fois même simplement par le truchement du hasard.



La preuve d’un complot

Un complot a été mis à jour il y a peu. Nous en saurons davantage dans quelques mois. Un livre va sortir (2), donnant toutes les preuves irréfutables sur le sujet. Nous en avions des éléments épars, certes, mais nulle trace avéré de « complot » jusqu’à aujourd’hui ; ce qui faisait dire aux détracteurs que la thèse relevait du conspirationisme le plus échevelé. ; toutes ces allégations ne relevaient que de l’exagération, disaient certains, elles n’étaient que mensonges et fantasmagories pour d’autres.

Mais voilà, vient un jour où le hasard met un chercheur devant des documents probants. Ce complot est celui touchant au massacre des Vendéens ordonné par la Convention nationale ; un massacre, un génocide, voulu, décidé, programmé, élaboré par les membres du Comité de Salut Public (l’exécutif) de cette assemblée révolutionnaire. La preuve de l’extermination des vendéens sont les documents signés par les représentants les plus éminents (Maximilien Robespierre, Lazare Carnot, etc.), documents lançant les colonnes infernales de Louis Marie Turreau vers leur triste et abominable méfaits. Un complot car ces documents ont été occulté jusqu’à son « invention », sa découverte fortuite.

Les universitaires actifs dans ce complot, niaient jusqu’à présent la volonté d’extermination des révolutionnaires de la Convention, du Comité de Salut Public ; il ne pouvait s’agir - tout au plus - que de « débordements », de « dérapages » des armées sur le terrain, mais en aucun cas d’une action délibérée, d’une extermination planifiée à Paris par les « élus du peuple ». C’était un complot car il y avait volonté délibérée de nuire à la vérité historique et au peuple français, ceci au seul profit d’une idéologie funeste et à ses thuriféraires ; en effet, cette vérité abimait gravement le mythe révolutionnaire élaboré consciencieusement et méticuleusement depuis 1789 ; le dessein poursuivit par ses acteurs était donc manifestement « mauvais », perfide.

Malgré ces mensonges, entretenus et développés par une camarilla marxiste-léniniste, tant dans l’Université que dans les allées du pouvoir d’ailleurs, les faits sont têtus, les documents d’archives également. La lecture des documents se suffira à elle-même. Le complot est maintenant éventé. C’était en 1794, nous sommes en 2011. Voilà le temps qu’il a fallu pour y mettre définitivement fin.


Notes :
(1)  Intitulé « L’Art du mensonge politique » ; le véritable auteur en serait non pas Swift mais son contemporain, John Arbuthnot.
(2) intitulé « Génocide et mémoricide », ce livre paraîtra le 15 septembre 2011, aux éditions du CERF.

Crédits photos :
Cœur vendéen : http://www.shaasm.org/?m=20090615

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