Sri Mulyani Indrawati, sera-t-elle en 2014 la future Présidente de la République d’Indonésie (PRI) ? Beaucoup d’éléments probants penchent pour cette hypothèse.
Née en 1962, Sri Mulyani est une femme brillante intellectuellement (1), énergique et surtout ayant lutté activement contre la corruption dans ses fonctions (2), ce qui n’est pas rien en Asie du Sud-Est et particulièrement en Indonésie.
Sri Mulyani Indrawati
Sans étiquette politique, elle fut une ministre de l’économie remarquée, entre 2005-2010, mais elle a du quitter ses fonctions pour devenir - jusqu'à ce jour - Directrice Générale à la Banque Mondiale, auprès du Président Robert Zoellick. Ce dernier disait, peu de temps après cette nomination, qu'elle avait « une connaissance approfondie des questions de développement et du rôle du groupe de la Banque mondiale ». Avant sa nomination comme ministre, Sri Mulyani fut Directrice exécutive au Fond Monétaire International (représentant onze pays de la zone Asie-Pacifique) entre 2002 et 2004. Dans son classement 2009 des « 100 femmes les plus puissantes du monde », le magazine américain Forbes plaçait Sri Mulyani en 23ème position. Voilà pour la pointure et pour son orientation en filigrane (libérale, cela va sans dire).
Voilà que le 3 août 2011, Sri Mulyani créait un parti politique (3). Ce nouveau parti est le Partai SRI (Partai Serikat Rakyat Independen), le parti indépendant du peuple uni (4), est déjà présent dans quasiment toutes les 33 provinces de la République d’Indonésie. Dans la symbolique, on notera sur le logo du nouveau parti, le balai traditionnel (sapu lidi), signe d’une volonté affichée de lutte contre la corruption.
Logo du Partai SRI
Ce que l’on peut dire, c’est que Sri Mulyani bénéficie(ra) d’un soutien total du monde des finances et des affaires (notamment des sino-indonésiens) et qu'elle est la seule personnalité de pointure sérieuse à se porter candidate pour la prochaine présidentielle de 2014 (5).
Il y aura quelques freins néanmoins, par le fait qu’elle soit une femme ; mais le cas s’est déjà présenté par le passé avec Megawatti Sukarnoputri et cette dernière fut néanmoins élue Présidente sans encombres. De plus, le poids financier de Sri Mulyani, sa stature internationale, son crédit personnel (d’ethnie javanaise, une réputation de femme intègre), fera très vite la différence. Par ailleurs, quand bien même elle fut inquiétée par le scandale de la banque Century (6), il est fort à parier que cela ne gênera en rien son ascension politique jusqu’au premier plan.
Rendez-vous donc en 2014 pour vérifier l'acuité de cette "prévision" lors des élections présidentielles dans cette troisième démocratie du monde après les États-Unis et l’Inde.
Notes :
(1) Ancien Professeur-invité en économie (à l’Andrew Young School of Policy Studies au sein de l’université américaine de Géorgie), elle fut consultante en 2001 à l’US Aid Agency (USAID), puis conseillère du Président indonésien actuel avant que celui-ci ne la nomme, en 2005, Ministre de l’Economie. Sri Mulyani est diplômée en économie à l'Université d'Indonésie (1986), et également titulaire d’un Ph.D. en Économie de l’université américaine de l’Illinois, obtenu en 1992.
(2) Durant son mandat de ministre, elle a lancé « une offensive implacable contre la corruption généralisée dans les administrations des douanes et des impôts, qui lui a mis à dos quelques barons, mais a assuré sa popularité parmi les Indonésiens ». Cf. Sylvie Kauffmann, in Le Monde du 02/04/2009.
(3) un peu comme le président actuel Susilo Bambang Yudhoyono, en 2001, avec la création du Partai Demokrat, moins de trois ans avant les élections présidentielles de 2004 ; élections que Yudhoyono a remporté personnellement, ainsi que d'ailleurs son Partai Demokrat, aux législatives, la même année.
(4) Le SRI reprenant bien sûr le nom de la future candidate. Parmi les cadres du parti, il y a le président Damianus Taufan ; la trésorière, Susy Rizky Wiyantini; la secrétaire nationale du parti, Yoshi Erlina ; et la porte-parole du parti, Efika Rosmerie. Parmi les soutiens issus de la société civile, on note deux journalistes de poids : Fikri Jufri et Mohammad Goenawan ; ce dernier, intellectuel, grand journaliste (fondateur de la revue hebdomadaire Tempo) est une personnalité reconnue en Indonésie. Parmi les autres membres fondateurs, l'on trouve également : un avocat de renom, spécialisé dans les Droits de l'Homme, Todung Mulya Lubis ; le Professeur en sciences-politiques de l'Université d'Indonésie (UI), Arbi Sani ; un autre universitaire de UI, le philosophe Rocky Gerung.
(5) L’actuel président ne pouvant constitutionnellement se représenter, accomplissant déjà son deuxième mandat.
(6) un peu comme l’actuelle directrice du FMI, Christine Lagarde, avec l’affaire Tapie/Crédit Lyonnais. Sri Mulyani peut d’ailleurs être vue comme la Christine Lagarde indonésienne, ceci tant dans le caractère, la prestance, dans les qualifications, les réseaux, les soutiens internationaux. Une comparaison signifiante.
Iconographie :
Sri Mulyani N&B : http://mahfudsrimulyani.files.wordpress.com/2010/12/sri-mulyani.jpg