Sortir de l’idéologie et entrer
dans le réalisme. C’est le premier pas qui s’agit d’entamer pour commencer le
chemin vers un bon diagnostic pouvant porter des fruits. En effet, faut-il le
rappeler, à diagnostic erroné, prescriptions erronées, résultats erronés.
Reprenons les choses depuis le
début en posant les données du problème. Un état islamique autoproclamé s’est
installé à cheval entre l’Irak et la Syrie. Ce pseudo-Etat a sous sa
coupe une grande partie des zones riches en hydrocarbure (Gaz et pétrole).
Une « Coalition » est sensée lutter contre cet état islamique.
En un premier point, constatons
que les puits de pétrole et de gaz, ainsi que toutes l’infrastructure comme la
logistique qui y participe (raffineries, bâtiments, pipelines, camions citerne,
etc.) font que l’Etat islamique engrange chaque mois des dizaines de millions
de dollar. Ce devrait donc être des cibles de choix à bombarder, raser. Mais
personne ne le fait. Une chose d’autant plus curieuse que ces dites cibles sont
répertoriées, cartographiées, photographiées en temps réel ; notons de
surcroît qu’elles le sont depuis de plusieurs décennies. L’on ne peut donc qu’en
arriver à la conclusion suivante, à savoir que si ces cibles ne sont pas
touchées, c’est qu’il y a une volonté de ne pas le faire.
Second point important. Le
pétrole comme le gaz issus de ces puits (1) sont vendus sur le marché
international depuis au moins trois ans au bénéfice de l’Etat islamique. Pour
ce faire, ces hydrocarbures sont acheminés vers des ports où ils sont
transportés via des tankers ou d’autres pipelines jusqu’aux acheteurs. Il y a deux
possibilités d’acheminement depuis la source de production : les pipelines
et les convois routiers. Dans les deux cas, une seule porte de sortie possible (2) pour ce pétrole et
ce gaz : le port méditerranéen de Yumurtalik, via Ceyhan, situés en Turquie.
Ankara sait d’où viennent le pétrole et le gaz ; il y a traçabilité des
produits. Mais personne ne dénonce la Turquie pour complicité avec l’Etat islamique.
D’un autre côté, les acheteurs savent - ou peuvent savoir - d’où vient ce
qu’ils ont acheté. Mais qui dénonce le fait qu’en achetant le pétrole et le gaz
issus des territoires occupés par l’Etat islamique, on finance les caisses de
l’Etat islamique ? A toutes fins utiles, soulignons que parmi les
acheteurs, il y a la France ; mais elle n’est pas la seule, il y a aussi
les autres pays européens, les Etats Unis, etc. Pour finir, la dite Coalition
n’a toujours pas pensé, à ce jour, à la mise en place d’un blocus de cet Etat
islamique, un « Etat » de plus enclavé, rappelons-le !
Quand on décide d’une guerre
contre un Etat (ou un pseudo Etat), on doit s’attaquer non seulement aux forces
armées adverses, mais aussi aux financements, aux sources de revenus de cet
Etat. Mais tant que les deux points, abordés plus haut, ne sont pas tirés au
clair, le pseudo-Califat aura de beaux jours devant lui. On pourra faire des
déclarations tonitruantes, en appeler à la mobilisation, à l’Etat d’urgence et
autres billevesées, mais rien sur le fond ne sera résolu.
D’où la question simple :
lutte-t-on vraiment contre l’Etat islamique ?
Post-scriptum : pour éviter que les questions posées plus haut ne dérangent, il faut couper l'herbe sous le pied des éventuels empêcheurs de tourner en rond, allumer des contre-feux. Ainsi, un article (anonyme) de presse paru sur le site internet Atlantico (qui porte bien son nom, au passage) vient incriminer le Président syrien dans l'achat de pétrole issu des puits de pétrole de l'Etat islamique. Cette information est issue...du Département du Trésor américain. Autre contre-feu, celui lancé par des agences de presse (neutres, bien entendu ; nous le savons !) et qui publient des articles avançant que si les puits de pétrole de l'Etat islamique ne sont pas bombardés par les avions de la "coalition", c'est pour des raisons...écologiques ! Parfait. Belle synchro avec la COP21. Au passage, COP signifie flic... Dernière invention en date : si l'US Air Force n'a pas bombardé les convois routiers pétroliers (vers la Turquie), c'est parce que les chauffeurs étaient des civils ! Effectivement, on connait les consignes de tir très restrictives au sein des forces armées américaines. Il n'y a que très rarement de dommages collatéraux, c'est bien connu.
Post-scriptum : pour éviter que les questions posées plus haut ne dérangent, il faut couper l'herbe sous le pied des éventuels empêcheurs de tourner en rond, allumer des contre-feux. Ainsi, un article (anonyme) de presse paru sur le site internet Atlantico (qui porte bien son nom, au passage) vient incriminer le Président syrien dans l'achat de pétrole issu des puits de pétrole de l'Etat islamique. Cette information est issue...du Département du Trésor américain. Autre contre-feu, celui lancé par des agences de presse (neutres, bien entendu ; nous le savons !) et qui publient des articles avançant que si les puits de pétrole de l'Etat islamique ne sont pas bombardés par les avions de la "coalition", c'est pour des raisons...écologiques ! Parfait. Belle synchro avec la COP21. Au passage, COP signifie flic... Dernière invention en date : si l'US Air Force n'a pas bombardé les convois routiers pétroliers (vers la Turquie), c'est parce que les chauffeurs étaient des civils ! Effectivement, on connait les consignes de tir très restrictives au sein des forces armées américaines. Il n'y a que très rarement de dommages collatéraux, c'est bien connu.
Notes :
(1) Rappelons-le, propriétés des compagnies ExxonMobil, Shell, Total, British Petroleum, Lukoi, Petronas, Korea Gaz Corporation, ENI, China National Petroleum, Chevron, etc.
(2) l’Etat islamique n’a aucun port et ne peut les acheminer vers le Sud, vers l’Etat irakien (ou ce qu’il en reste) depuis le chaos instauré par Washington dans ce pays. Le seul pipeline en fonction sortant des territoires sous la coupe de l’Etat islamique ou ses alliés, passe par la Turquie (via Midyat).
Cartographie : http://energypolicyinfo.com/wp-content/uploads/2014/07/iraq-map-6-16.jpg
Il faut aussi des banques pour traiter ces flux financiers !
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