17 décembre 2008

Indonésie : La question de la secte Ahmadiyah pose le problème de l’intrusion de l’Etat dans la sphère du religieux

(15 juin 2008)

Après que le gouvernement indonésien ait plutôt longuement tergiversé au sujet de savoir s’il fallait interdire ou non la secte musulmane Ahmadiyah par la publication d’un décret, et alors que de nombreuses mosquées et biens appartenant au groupe « déviant » sont détruits ici et là en Indonésie depuis plusieurs mois - ceci dans le silence ou l’indifférence totale des politiques sur ce point (1) et également sans aucune intervention ou interposition des forces de Police lors des dégradations commises sous leurs yeux - quelques précisions s’imposent pour une meilleure compréhension de la question.

Par le développement en Indonésie d’un Islam plus puritain, rigoureux, aux accents wahhabites, il fut et il est aisé depuis quelques années, aux mouvements islamistes radicaux de manipuler les masses musulmanes dans la voie de l’intolérance et de les inciter à se dresser contre l’infidèle, à agir contre des « hérétiques ». C’est ainsi que non seulement des églises (ou lieux de cultes improvisés) ont été vandalisées, d’autres détruites par le feu (2), mais également de nombreuses mosquées et des bâtiments afférents appartenant à des sectes diverses ont été rasés par des foules en colère (3) et enfin des individus molestés et mis en prison car prêchant un Islam déviant (4).

Le cas de la secte Ahmadiyah

L’Islam fourmille de sectes en tout genre et la secte Ahmadiyah n’est que l’une d’entre elles. Elle est née dans le Penjab indien, précisément à Qadian, fondée en 1889 par Hadhrat Mirza Ghulam Ahmad (1839-1908) lequel était considéré comme l’Imam Mahdi (le dernier prophète, l’envoyé de la fin des temps, le Messie) (5). En 1914, à Lahore - située au Pakistan actuel - naissait une variante de cette secte (6), la Ahmadiyya Anjuman Isha‘at Islam (le mouvement Ahmadiyah pour la propagation de l’Islam). Si les membres de ces deux sectes sont appelés les Ahmadis, les deux mouvements s’excluent néanmoins radicalement l’un l’autre pour des raisons théologiques (7) profondes.

C’est un peu plus tard, dans les années 20 que la Ahmadiyah est apparu en Indonésie. Tout d’abord, en 1924, la Ahmadiyya Anjuman Isha‘at Islam par l’entremise de Maulana Ahmad et de Mirza Wali Ahmad ; ces derniers nommèrent leur mouvement Gerakan Ahmadiyah Indonesia (GAI), le mouvement Ahmadiyah indonésien ; il est aussi connue sous le nom d’Ahmadiyah Lahore (issue de la variante du mouvement).

En 1925, c’est le tour de l’autre mouvement Ahmadiyah, arrivant dans l’archipel, par l’entremise de Mohammad Rahmat Ali. Ce dernier appela son mouvement la Jemaah Ahmadiyah Indonesia (JAI), la congrégation Ahmadiyah indonésienne ; elle est aussi connue sous le nom d’Ahmadiyah Qodiyani (du nom de la ville de Qadian).

Aux motifs du ressentiment et de la radicalisation

JAI et GAI rassemblent aujourd’hui près d’un demi-million de « fidèles » ou membres en Indonésie. Des deux mouvements Ahmadiyah, la JAI - dirigée par Ahmad Basit - est considérée comme étant la plus importante en nombre et, paradoxalement, comme la plus « puritaine ». Paradoxalement, car si la JAI considère Mirza Ghulam Ahmad comme le dernier prophète après Mahomet, la GAI ne le considère en revanche que comme un réformateur.

La question de savoir si Mirza Ghulam Ahmad est ou non le dernier prophète est un point important quant à l’orthodoxie musulmane. En effet, celle-ci considère Mahomet comme LE dernier prophète ; c’est d’ailleurs un des premiers éléments de la profession de foi musulmane : « La ilaha illa-llah, Mohammad Rassul-allah » (Il n’est pas d’autre divinité que Dieu et Mahomet est son prophète).

Par ce biais, il est aisé de manipuler les musulmans indonésiens qui, dans leur majorité, ne connaissent pas grand ‘chose aux questions théologiques. S’ils n’ont retenu qu’une chose de leur enseignement coranique, c’est tout de même leur profession de foi. Il suffit donc de mettre en évidence et de leur souligner que des « musulmans » remettent en cause ce fondement de la foi islamique pour qu’immédiatement ils les considèrent comme hérétiques. Ainsi l’interdiction de la secte Ahmadiyah par le MUI (Majelis Ulama Indonesia, le Conseil des Ulémas Indonésiens (8)) est-elle passée « comme une lettre à la poste » en 1980. Précisons ici que tant la JAI que la GAI étaient l’objet de cette Fatwa, ceci donc sans réelles considérations sur les ressorts et fondements théologiques des mouvements respectifs (Cf. supra).

Ce qu’il faut souligner, c’est que même parmi les musulmans modérés, dont des intellectuels (9), cette contravention première à la profession de foi islamique exclue immédiatement les Ahmadis de l’Islam, tant il est important de protéger la aqidah (la croyance islamique). De là à légiférer par un édit religieux sur la question, il n’y a qu’un pas, juste une formalisation de cette non appartenance à l’Islam « de la Sunna et des hadiths » (tant l’Islam est une religion du Droit). Mais nous restons là toujours dans sphère du religieux et non sur le terrain politique et légal. Il faut effectivement tâcher de bien distinguer dans cette affaire, d’une part l’aspect légal relevant de l’Etat, d’autre part l’aspect théologique relevant des autorités religieuses, car les partisans du premier ne sont pas forcément des thuriféraires du second.

Par ailleurs, il apparaît que depuis quelques années la JAI recrute de plus en plus d’adeptes ; quelques dizaines de milliers d’indonésiens seraient ainsi devenus, ces vingt dernières années, des Ahmadis. Ainsi, cette propagation aurait-elle pu inquiéter les membres du MUI et générer la dernière Fatwa (10) en date (celle sur l’édit d’interdiction pure et simple). Le 3 novembre 2007, le secrétaire général du MUI, Ichwan Syam, avançait même que des « services » étrangers étaient à l’origine du développement des différents mouvements hérétiques en Indonésie – tel, entre autres, le mouvement Ahmadiyah – le but ultime de ces « officines » la destruction de l’Indonésie ; en conséquence, il demandait plus de subsides à l’Etat pour faire face à cette « menace »...

Lors de la première Fatwa de 1980, les membres de la JAI et de la GAI étaient considérés comme « infidèles ». Cette décision poussa d’ailleurs, en 1994, l’Institut de Recherche et d’Etudes Islamiques (Lembaga Penelitian dan Pengkajian Islam ou LPPI (11)) à porter le cas devant la Cour Suprême afin d’interdire purement et simplement les deux mouvements. Néanmoins, la Cour Suprême refusa d’entendre cette plainte au motif que cela n’entrait pas dans ses compétences.

Bien que des attaques contre les « hérétiques » eurent lieu de manière sporadique durant l’ère Suharto (12), l’actuelle campagne anti-secte semble en fait s’être nourrie des conclusions du 4ème Kongres Umat Islam Indonesia coordonné par le MUI, en avril 2005.

Au cours de ce 4ème congrès ont été renforcées les décisions touchant aux « aliran sesat » (sectes hérétiques) qui avaient été prises en 2000 lors de l’assemblée nationale du MUI.

A compter de 2005, la question touchant aux sectes, aux déviants, devenait prioritaire, devant tous les autres problèmes sociaux existants (13). Et force est de constater que les « véritables » attaques (coordonnées et systématiques) contre les « hérétiques » relatés dans les médias indonésiens ont débuté peu après ce Kongres Umat Islam Indonesia.

Hypothèse

Notons (14) que ce courant anti-secte n’est pas homogène du tout, rassemblant aussi bien - du point de vue religieux - des réformistes que des traditionnalistes, des conservateurs que des radicaux - du point de vue politique. Ce courant transcende les mouvements existants et les divise même ; ni la Muhammadiyah ni le Nahdlatul Ulama (NU) (15) ne parlent par exemple d’une seule voix à ce sujet. Enfin, notons qu’un flou est savamment entretenu par les partisans de l’interdiction, entre la condamnation religieuse (fatwa) et la condamnation légale (Loi).

Ce qui rassemble en définitive ces courants, par delà leurs différences respectives, ce serait une sorte de fixation sur la question de l’obéissance et de la soumission à la loi - celle-ci étant dans le cas qui nous intéresse, une loi religieuse.

Ainsi peut-être faudrait-il voir chez certains tenants de ce courant anti-secte (ceux issus notamment des courants historiques et modérés) une tendance à voir et à soutenir une application effective de la loi (ici religieuse), tant la loi de l’Etat est-elle bafouée à tous les échelons de la vie indonésienne ; ils auraient ici la satisfaction de voir une loi enfin obéie et respectée. Pour les autres (les plus radicaux, tels le FPI (16), le FUI (17), l’Asuaja (18), le FBR (19) et le LPPI), ce n’est qu’un pas de plus vers la « shariatisation » du pays, dans une rupture de paradigme entre les principes nationalistes qui ont fondé l’Indonésie, vers un Islam totalisant, totalitaire…

Derniers développements

Le 1er juin en Indonésie se déroule habituellement en Indonésie la fête respectée du Pancasila (20). A cette occasion une agrégation ad-hoc de mouvements religieux divers (musulman, chrétien) regroupés sous la bannière de l’Alliance Nationale pour la Liberté de Croyance et de Religion (AKKBB (21)) était rassemblée sur une place centrale de Jakarta, dans le parc où se situe le monument national (Monas). Au sein de cette foule, venue commémorer les 63 ans du Pancasila, des Ahmadis étaient présents, leur courant religieux étant soutenu par l’AKKBB.
La foule pacifique fut bientôt attaquée physiquement par 200 hystériques armés de bâtons et violents, appartenant à la branche armée du FPI, le Commando des Combattants de l’Islam (KLI (22)). On dénombra près de 90 blessés, et bien que la Police fût sur place, aucune arrestation n’eut lieu ce jour-là.

Cette attaque eut un énorme retentissement dans la presse nationale indonésienne. Mis à part bien entendu la minorité islamiste, tout le monde en Indonésie condamne cette agression sur un groupe pacifique, qui plus est le jour du Pancasila et alors qu’il commémorait justement les cinq principes fondateurs, considérés comme « le code génétique de l’Indonésie » (23).
Le FPI fût mis en accusation. Si d’aucuns avançaient qu’il fallait que le gouvernement interdise le mouvement de Mohammad Rizieq, d’autres mouvements musulmans souhaitent, eux, en découdre physiquement avec ce groupuscule radical islamiste et l’anéantir (24) si le gouvernement ne prenait pas de mesure nécessaire.

Habib Rizieq et d’autres responsables du FPI furent tout de même mis en examen ; l’un d’eux, Munarman – responsable du KLI, la branche militaire du FPI – restait introuvable quelques temps puis finalement il se rendait à la Police le jour même de la parution du décret interministériel (SKB (25)), le 9 juin 2008. Ils sont à présent en attente de jugement, mis en accusation sous plusieurs chefs d’inculpation (26).

Le décret

Fin Mai/début Juin, le Conseil Consultatif Présidentiel (Wantimpres (27)) ayant rencontré le Président Susilo Bambang Yudhoyono, il avait été convenu que le mouvement Ahmadiyah ne serait finalement pas interdit, ceci malgré les recommandations du MUI et du Bureau de coordination pour la surveillance des croyances mystiques dans la société (Bakor Pakem (28)).

Le 9 juin, paraissait tout de même le décret annoncé, lequel n’est donc pas une interdiction formelle de la Ahmadiyah globalement - puisque seul le JAI est concerné et non le GAI (qui reconnaît Mahomet comme le dernier prophète) - mais néanmoins une restriction dans la pratique de cette secte musulmane.

Dans le détail, deux points de ce décret - sur les six qu’il contient - importent. Le deuxième point tout d’abord, lequel restreint la pratique du culte Ahmadiyah pour « les sympathisants, membres ou administrateurs » du mouvement JAI exclusivement. Pour autant qu’ils se réclament de l’Islam, ceux-ci ne doivent pas « propager des interprétations religieuses et mener des activités déviantes des fondamentaux de l’Islam » (la reconnaissance d’un autre dernier prophète que Mahomet).
Le quatrième point du décret est, lui, un avertissement à tout citoyen indonésien, une mise en garde contre tous ceux et tout ce qui pourrait « porter atteinte à la conservation et au maintien de l’harmonie au sein des communautés religieuses » du pays, ainsi qu’à « la paix et à l’ordre public ». Ceci précisément « en ne commettant pas d’actes en contravention avec la loi et à l’encontre des sympathisants, membres ou administrateurs du mouvement JAI ».
Ainsi, le décret vise-t-il à la fois la JAI et les islamistes radicaux. Nous sommes là dans une logique bien javanaise du consensus mou (29) cherchant à concilier les deux parties.

Mais la publication de ce SKB3 n’a, bien sûr, satisfait aucun des deux camps. D’un côté, les radicaux protestant de la mollesse du décret (ils souhaitent l’interdiction pure et simple de la JAI) mais aussi contre l’arrestation des membres du FPI/LKI. Les modérés et libéraux s’insurgeant, quant à eux, contre l’existence même de ce décret, qualifié d’intrusion de l’Etat dans des affaires religieuses et personnelles ; certains même remettant en cause le caractère représentatif du MUI au sein de la communauté musulmane indonésienne et ainsi que son statut officiel (30).

Quels enseignements ?

Suite à cette affaire de la secte Ahmadiyah, s’il ne fallait retenir qu’une chose, c’est qu’un pas a été franchi – même s’il le fut à la manière javanaise – par le gouvernement, en légiférant en matière religieuse, en cédant à la pression d’organismes consultatifs à la légitimité contestée et aussi à celle de la rue, organisée par des groupuscules islamistes. Enfin, et c’est le nœud du « problème Ahmadiyah » en Indonésie, nous sommes confronté à deux questions bien distinctes : d’une part celle de la liberté religieuse (liberté de pratiquer un culte quel qu’il soit (31) - c’est la sphère relevant de l’Etat) et d’autre part celle de la question religieuse (les Ahmadis relèvent-ils de l’Islam ou non – c’est la sphère relevant des autorités religieuses (32)). L’on peut, à juste titre, prendre en considération ce qui est aujourd’hui un précédent avec la promulgation de ce décret, pour dire que rien n’empêchera à l’avenir l’Etat indonésien d’intervenir plus avant dans le domaine de la religion, de sa pratique, de sa visibilité, etc. C’est la porte ouverte vers un Islam religion d’Etat et vers une politique de discrimination envers les minorités religieuses.

Alors que se profilent des élections générales (33), l’Indonésie se polarise un peu plus et s’affronte ouvertement autour de la question de l’Islam, de sa place dans la société indonésienne, de l’étendue du rôle de l’Etat en cette matière, des différentes sectes et mouvements qui existent dans le pays, ce qui ne favorise pas « la conservation et le maintien de l’harmonie au sein des communautés religieuses du pays, ainsi que la paix et l’ordre public », pour reprendre les termes du décret SKB3 Ahmadiyah.

L’Indonésie, longtemps modèle de coexistence pacifique entre religions et ethnies, tant les différentes communautés avaient trouvé dans les ressorts de leurs traditions respectives de quoi vivre en harmonie, subit aujourd’hui un peu plus les affres de la mondialisation.

Alors que le processus mondialiste se développe, les questions du rôle et de la réelle puissance de l’Etat, de l’identité et de ses corollaires (34) se posent et s’affirment. Force est de constater que c’est malheureusement le repli identitaire, le comportement sectaire et le communautarisme qui gagne du terrain, au détriment de l’Etat, ceci en Indonésie comme ailleurs. Souvenons-nous que lorsque l’Etat disparaît ou s’affaiblit ne demeurent que des communautés ; l’Irak est une manifestation tragique de cette situation, lequel n’est désormais qu’un territoire où il n’y a plus d’irakiens du Nord ou du Sud, de l’Est ou de l’Ouest, mais des chiites, des sunnites, des chrétiens, etc., de tel ou tel clan, de telle ou telle tribu.

Gageons que cette situation n’advienne pas dans cet archipel indonésien - pays de 250 millions d’habitants, aux 350 ethnies et autant de langues parlées - et que le plus caractéristique de ses fondamentaux, tel le Pancasila (35), redevienne la mesure et le principe de vie entre les citoyens, connus pour leur ouverture d’esprit, leur tolérance et leur syncrétisme.


Notes :

(1) Dans tel ou tel province ou district, certains hommes politiques du PDI-P par exemple (parti nationaliste séculier), alors qu’ils étaient au mieux avec les Ahmadis, ont changé complètement leur fusil d’épaule lorsqu’il s’est agit, en vue d’élections proches, de bénéficier du soutien de Kyais locaux - un Kyai est un Ouléma dirigeant une Pesantren, une école coranique traditionnelle. (Cf. le cas d’un Bupati - un régent - à Java Ouest). Les politiques utilisent la religion comme une carte, en fonction de leurs intérêts particuliers ; mais ce jeu peut s’avérer dangereux à long terme, surtout avec les islamistes.
(2) Ceci au motif qu’elles n’avaient pas d’autorisation légale. Beaucoup d’églises en Indonésie sont, il est vrai, « techniquement » illégales. Ceci à cause d’un décret gouvernemental stipulant que tout établissement d’un édifice religieux (église, temple ou mosquée) doit recevoir préalablement l’approbation de la communauté locale. Etant donnée la démographie respective des communautés chrétiennes (protestants et catholiques) face à la communauté musulmane dans le pays, un tel décret ne peut-être que forcément discriminatoire à l’encontre des non-musulmans dans la plus grande partie de l’archipel. Enfin, le processus d’autorisation d’un lieu de culte - utilisant les canaux d’une bureaucratie « lourde » - est-il, faut-il le souligner, long et onéreux.
(3) Cf. le cas de la Yayasan Kanker dan Narkoba Cahaya Alam (YKNCA), un groupe actif dans l’aide aux victimes du cancer et des psychotropes, et dont le centre d’activités situé à (Java Est) fut attaqué début 2005 par une foule « anonyme ».
(4) Cf. le cas d’Yusman Roy à Malang (Java Est) qui avait le « tort » de proposer des prières en langue indonésienne. Il purge actuellement deux ans de prison à Malang. Une Cour de Justice de Jakarta, par ailleurs, a condamné Lia Aminuddin, chef de la secte Salamullah, à deux ans de prison. Quant au prophète auto-proclamé Ahmad Mushaddeq, chef de la secte Al-Qiyadah Al-Islamiyah de Bogor, il recevait fin avril 2008, une peine de quatre ans pour « blasphème envers l’Islam ».
(5) L’actuel dirigeant du mouvement est Hadhrat Mirza Masroor Ahmad, élu en avril 2003. Son titre officiel est Khalifatul Massih V.
(6) C’est en 1974, sous le règne du « socialiste » Zulfikar Ali Bhutto, que la secte des Amadiyah de Qadian est déclarée non-musulmane et, de la sorte, victime de discrimination.
(7) Les Ahmadis de Lahore ne reconnaissent pas Mirza Ghulam Ahmad comme le dernier prophète après Mahomet. La Ahmadiyya Anjuman Isha‘at Islam, d’ailleurs, n’a de cesse de souligner ce fait important à leurs yeux (Cf. son site internet <>) tant ils ne souhaitent pas être ostracisés, subir d’attaques physiques et tomber sous le coup de la Loi.
(8) Le MUI est un organisme créé le 26 juillet 1975, sous l’ère Suharto, et qui joue un rôle consultatif et de coordination en matière religieuse musulmane auprès de l’exécutif ; en dehors de promulguer des Fatawa, il est l’organisme habilité à distribuer le label « Hallal ». Suharto a utilisé à quelques reprises le MUI et ses Fatawa pour défendre sa politique, lui donner une assise et une légitimité.
(9) Deux personnes rencontrées, Chairul Imam (ancien Attorney General d’Indonésie) en Septembre 2007, et Agus Suradika (Recteur de l’Université Muhammadiyah) en Mars 2008, considèrent sans ambages que les Ahmadis ne peuvent, en aucun cas, se réclamer de l’Islam ; la fatwa du MUI est donc pour eux justifiée. La question de légiférer sur la question et donc d’incorporer cette interdiction dans le Droit indonésien ne leur a cependant pas été posée. A l’opposé, une autre personne, intellectuel éminent de la Muhammadiyah, Habib Chirzin, pense que la question de la Ahmadiyah ne se pose même pas, tant « les Ahmadis sont consubstantiels à la Muhammadiyah » (ils ont en effet participé à la rédaction de la « Constitution » du mouvement d’Ahmad Dalhan en 1912). Mais, compte-tenu de la situation présente (exactions commises contre les Ahmadis et climat de violence avéré), les propos d’un Chirzin apparaissent comme ceux d’un faux-naïf.
(10) Si les édits religieux du MUI n’ont pas force de loi et le MUI n’a pas non plus le monopole dans la promulgation de ces Fatawa ; ainsi les autres organisations religieuses indonésiennes (NU et Muhammadiyah) produisent-elles également leurs Fatawa, celles-ci ne s’adressant qu’à leurs membres.
(11) Dirigé par Amin Djamaluddin ; fervent défenseur de Mohammad Natsir, ancien membre du Persis, il fut emprisonné trois fois sous l’ère Suharto.
(12) Notamment à Lombok Est en 1983.
(13) Tels la corruption, le détournement d’argent, l’adultère, l’avortement, la pornographie, la « porno-aksi », l’usage de stupéfiants, les jeux d’argent, la consommation d’alcool, la propriété intellectuelle, la criminalité, la destruction de l’environnement, la violence et l’hostilité.
(14) Précisons que nous n’avons pas, dans cette note, repris les derniers développements ni relaté les prises de positions des uns et des autres, tant ils sont nombreux. Par exemple n’ont pas été listés ici de manière exhaustive les partisans anti-interdiction déclarés, tels Azyumardi Azra, l’ancien Président Gus Dur, Ulil Abshar Abdallah et les autres nombreuses « figures » indonésiennes, qu’ils soient intellectuels, politiques ou religieux.
(15) NU : Nahdlatul Ulama, le renouveau des Oulémas, mouvement religieux traditionnaliste créé en 1926 par des Oulémas javanais, en réaction au mouvement réformiste Muhammadiyah, né, lui, en 1912.
(16) FPI : Fron Pembela Islam, le Front des Défenseurs de l’Islam, un mouvement dirigé par Mohammad Habib Rizieq. Ce mouvement est né au moment de la chute de Suharto, en 1998. Manipulé et stipendié, il est utilisé par diverses forces politiques ou militaires pour contrer leurs adversaires du moment.
(17) FUI : Forum des Frères Musulmans (Forum Ukhuwah Islamiyah).
(18) Asuaja : Aliansi Islam Ahli Sunah Wal Jamaah.
(19) FBR : Forum Betawi Rempuk.
(20) Panca-sila : du sanscrit Pantja qui veut dire cinq et Sila, principe ; ce sont les principes fondateurs du pays énoncé en 1945 par Soekarno et qui font de l’Indonésie une république nationaliste, ni religieuse islamique, ni laïque, avec la reconnaissance officielle de six religions ou philosophies (musulmane, catholique, protestante, hindouiste, bouddhiste, et confucianiste). Ces cinq principes sont dans l’ordre : La croyance en un Dieu unique ; une humanité juste et civilisée ; l'unité de l’Indonésie ; une démocratie guidée par la sagesse à travers la délibération et la représentation ; la justice sociale pour tout le peuple indonésien.
(21) AKKBB : Aliansi Kebangsaan untuk Kebebasan Beragama dan Berkeyakinan.
(22) KLI : Komando Laskar Islam, dirigé par Munarman.
(23) L’expression est de Froly Lelengboto Horn, Pasteur établi en Nouvelle-Zélande, diplômé de la faculté des Lettres de l'Université d'Indonésie, in Jakarta Post du 11/05/2000.
(24) Tels le Garda Bangsa, le Batuan Serbaguna (dit Banser), l’Anshor, le PMII, tous des mouvements issus de la tendance NU.
(25) Surat Keputusan Bersama. Ce décret particulier sur la Ahmadiyah est dit SKB « 3 » car il est le produit de trois ministère (Intérieur, Affaires religieuses, Affaires sociales et culturelles).
(26) Violation des articles 221 (protection de criminels), 351 (actes tyranniques), 156 (propagation de la haine), 160 (provocation) et 170 (agression) du Code Criminel.
(27) Wantimpres : Dewan Pertimbangan Presiden. Le Conseil comprend Adnan Buyung Nasution (pour les affaires juridiques), Ma`ruf Amir (pour les affaires religieuses), Budhisantoso (pour les affaires sociales et culturelles), Ali Alatas (pour les affaires internationales) et Emil Salim (pour les affaires touchant à l’environnement).
(28) Bakor Pakem : Badan Koordinasi Pengawas Aliran Kepercayaan Masyarakat, autre organisme ayant conseillé le Président et comprenant des représentants du Bureau du Procureur Général d’Indonésie, de la Police Nationale, de l’Agence nationale de renseignement et du ministère des affaires religieuses.
(29) Illustrée par cette expression proverbiale locale “kanan-kiri oke” : « Un coup à gauche, un coup à droite, Ok ? ».
(30) Pour les musulmans libéraux, le MUI est une scorie de l’ère Suharto qui n’a plus lieu d’être.
(31) Dans les six reconnues officiellement en Indonésie ; les autres cultes étant regroupés sous le qualificatif global « Autres » (Cf. les cartes d’identité nationale indonésienne, KTP, qui mentionnent la religion d’appartenance ou déclarée).
(32) Le seul problème, c’est qu’en Islam, il n’y a pas de clergé, d’autorité religieuse comme dans le catholicisme. N’importe qui pratiquement ayant quelques rudiment de savoir théologique peut se dire Imam et même énoncer des Fatawa, pour peut qu’il ait des fidèles.
(33) L’année prochaine sera élu un nouveau Président et une nouvelle assemblée.
(34) Notamment dans la façon de penser l’altérité, la relation à l’Autre, de la considération pour celui-ci lorsqu’il a une religion différente ou professe une foi « non orthodoxe », alors même qu’il fait réellement partie de la même Nation (par l’histoire, la culture ou l’ethnie commune).
(35) Un Pancasila redéfini et re-fondé, loin des abus de la période Suharto, lequel entendait ces principes à l’aune de ses intérêts personnels, familiaux et claniques.

2 commentaires:

  1. Hello there,
    Thank you for your honesty in regards to intellectual property, by attributing rightly the source of quote. You quoted here (23) a term that I have originally used in my writings: 'the genetic code of Indonesia' in referring to Pancasila.

    Salam,
    froly

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  2. I quote you explicitly so I don't know really where is the problem...

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