(Mai 2006)
Après les attentats de Bali (Jimbaran et Kuta) du 1er octobre 2005, les arrestations qui ont suivi et surtout la mort d’Azahari bin Husin (« Demolition man »), les autorités indonésiennes semblent avoir décidé d’agir contre l’Islam radical terroriste dans l’archipel. A côté du « front physique » contre le terrorisme et mené principalement par la Police, il y a désormais un « front idéologique » qui est mené, lui, sous la direction des Ulémas.
Après les attentats de Bali (Jimbaran et Kuta) du 1er octobre 2005, les arrestations qui ont suivi et surtout la mort d’Azahari bin Husin (« Demolition man »), les autorités indonésiennes semblent avoir décidé d’agir contre l’Islam radical terroriste dans l’archipel. A côté du « front physique » contre le terrorisme et mené principalement par la Police, il y a désormais un « front idéologique » qui est mené, lui, sous la direction des Ulémas.
Durant la première semaine de novembre 2005, à Semarang (Java), lors d’un raid mené au IV/20 Jalan Pamularsih - domicile d’un certain Anif Solchanudin qui aurait hébergé pendant un temps Noordin Moh. Top toujours activement recherché - les forces de sécurité ont découvert des VCD qui devaient être apparemment diffusées dans les milieux extrémistes islamistes indonésiens à fin de propagande.
Ces vidéos, qui ont été visionnées par le Vice Président Jusuf Kalla et par l’ensemble des représentants de l’Islam en Indonésie, se divisaient en trois parties : premièrement, elles contenaient les déclarations-testaments des trois acteurs des attentats meurtriers de Bali II (23 morts) ; deuxièmement des instructions sur l’élaboration de bombes artisanales (comment mélanger les éléments chimiques, tels le TNT et le RDX, comment faire des soudures nécessaires pour les systèmes de mise de feu, dont les techniques utilisant les téléphones portables, et comment placer l’explosif dans un Tupperware, etc.) ; et enfin des cours sur la manière de mener un combat corps-à-corps, un entraînement militaro-sportif, des séances de tir avec fusils d’assaut, etc., le tout filmé à ciel ouvert, en un endroit inconnu avec des hommes habillés de noir, portant tous des cagoules. En dehors des trois témoignages (tenus en arabe, en indonésien et en javanais) effectués à visages découverts, une quatrième personne portant une cagoule intervenait sur le VCD ; cette dernière portait des menaces relatives à de futures actions violentes qui seraient menées par son groupe. A la lumière des dernières informations, l’homme masqué ne serait autre qu’Azahari. Néanmoins, ces diverses déclarations des candidats au suicide par attentat ont fait réagir le Vice Président indonésien, lequel n’a pas voulu en rester là. Ayant donc fait visionner ces vidéos, dans sa résidence privée, aux chefs musulmans des toutes les tendances légales de l’Islam en Indonésie (réformistes, traditionalistes, libérales, et même à tendances plutôt sectaires comme le Majelis Ulama Indonesia !), Jusuf Kalla décidait la création d’une « équipe spéciale anti-terroriste» à fin de répondre sur le plan idéologique à la menace terroriste islamiste radicale.
Selon Jusuf Kalla, « la Jihad propagée par les terroristes n’est pas la bonne ; il y a une mauvaise interprétation de la Jihad et il s’agit aujourd’hui de la corriger ». Les différents chefs religieux sont ainsi requis pour apporter leurs connaissances et répondre point par point à l’argumentaire développé par les trois candidats au suicide par attentats. Des copies des vidéos saisies seront donc diffusées dans toutes les pesantren (écoles coraniques) et les « erreurs » proférées par les intervenants terroristes, commentées et corrigées par les religieux devant les élèves ; une méthode assez curieuse puisque le but des terroristes islamistes est ainsi atteint au-delà même de leurs espérances, leur propagande vidéo étant diffusée par les autorités religieuses et sur instructions de la vice-présidence, et ce dans tout le pays !
Par ailleurs, il semblerait que les livres diffusants un contenu promouvant un radicalisme islamique excessif - comme celui d’Imam Samudra, terroriste jugé et condamné pour sa participation aux attentats de Bali I en 2002 - seraient même interdits (!) ; une censure contestée par Din Syamsuddin, au titre qu’elle serait selon lui, contre-productive, poussant certaines personnes à vouloir lire ces livres. Ce même Din Syamsuddin, chef de la Muhammadiyah (mouvement réformiste glissant depuis peu vers une doctrine de plus en plus puritaine et sectaire, surtout depuis l’élection de son nouveau chef) déclarait, confiant, que désormais, avec la diffusion des vidéos contenant les témoignages et le commentaire des religieux, « il sera désormais propagé le véritable enseignement islamique sur la Jihad », précisant que « le concept de Jihad est uniquement acceptable dans les régions en guerre, là où des musulmans sont chassés de leurs territoires et leurs biens confisqués, comme en Palestine… mais pas en Indonésie lequel est un Etat pacifique ».
Au même moment, sur une télévision locale, Iqbal alias Abu Jibril, représentant du MMI (le Majelis Mujahidin Indonesia d’Abu Bakar Baashir) déclarait ouvertement ce qui attendait les « martyrs » (shahadah) une fois arrivé au paradis : 72 femmes et la possibilité pour chaque « martyr » d’intercéder en faveur de 70 personnes pour que celles-ci entrent au paradis.
Plus prosaïquement, selon des sources issues du renseignement indonésien, au moins quatorze personnes issues de la région de Java Centre et de Jogjakarta, possédant tous une instruction suffisante et constituant une « brigada istimata » (brigade d’hommes suicides), sont à même d’agir actuellement comme bombe humaine, à tout moment, n’importe où dans l’archipel. Par ailleurs, plus lutter plus avant contre les réseaux terroristes opérant sur le territoire indonésien, le Badan Intelijen Nasional (le BIN, l’agence nationale indonésienne de renseignement) a envoyé quelques uns de ses officiers aux Philippines, en Thaïlande ainsi qu’au Proche-Orient. Enfin, l’ancien chef de la Police indonésienne, le Général Sutanto, déclarait - sans plus de détail et en précisant que cela n’était plus le cas aujourd’hui - qu’une des sources importantes et avérées de financement des différents attentats islamistes en Indonésie se situait en Arabie Saoudite.
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