Autant dire tout de suite que ce n’est pas un phénomène nouveau.
Dans l’univers islamique, il existe une galaxie islamiste ; à l’intérieur de celle-ci, gravite des planètes qui ne suivent pas la même écliptique. Avec cette métaphore, c’est un biais pour entrer dans l’intelligence du phénomène islamiste.
Dans l’univers islamique, il existe une galaxie islamiste ; à l’intérieur de celle-ci, gravite des planètes qui ne suivent pas la même écliptique. Avec cette métaphore, c’est un biais pour entrer dans l’intelligence du phénomène islamiste.
Le premier des problèmes dans cette entreprise, c’est que souvent plusieurs termes sont utilisés pour désigner plus ou moins la même chose ; des termes d’autant plus différents qu’ils seront le fait de chercheurs occidentaux ou non, islamologues ou non, arabisants ou non, anglophones, francophones, etc.
Et nous lisons et entendons partout ces mots, dans toutes les langues : islamistes, islamistes « modérés » et islamistes radicaux, militants islamistes, terroristes islamistes, salafistes, wahhabites, Frères Musulmans, jihadistes, salafistes-jihadistes, kharijites, musulmans réformistes, fondamentalistes, traditionnels, intégristes, etc.
Bref, chacun des rédacteurs allant de sa terminologie non seulement pour essayer de se faire comprendre - effort louable - mais aussi, souvent, pour créer « sa » différence, il faut l’avouer (Cf. nos chercheurs islamologues français).
D’un autre côté, pour essayer de décrypter la galaxie islamiste, on peut aussi tenter de déterminer les pôles d’attraction et les satellites ; à partir de là, il est possible de reconstituer le mouvement de la dite galaxie - en tout cas une partie de celui-là - dans son l’ensemble, et donc mieux l’intelliger.
Lorsqu’un mouvement islamiste radical commet un acte terroriste, il tente souvent, sinon toujours, de l’inscrire dans une eschatologie particulière, de justifier en fait son acte meurtrier - a priori ou a posteriori - tant en interne au mouvement, qu’à destination des non-initiés, ou encore à l’adresse de ceux-là même qui sont visés. Cela se fera au moment de prêches, dans des manuels destinés aux nouveaux arrivants, dans des communiqués aux médias, enfin dans des édits religieux (fatawa).
Ces actes de communications auront donc différentes fonctions : il s’agira soit de se faire connaître, soit de convertir, soit de renforcer l’ardeur du convaincu, ou enfin de semer la terreur et le doute dans l’esprit de celui qui est désigné comme « ennemi ».
Pour dépasser l’autojustification, et par delà les motifs politiques plus immédiats, ces différents mouvements font appel dans leur raisonnement et leurs argumentaires, à des théologiens, des penseurs, des exégètes, en un mot à des intellectuels islamiques. Plusieurs noms reviennent souvent, et l’on peut par ce biais reconstituer un écheveau, celui de la galaxie islamiste dont je parlais plus haut.
Ceci permet non seulement de catégoriser les mouvements en question, d’en déduire les filiations, de voir ce qui les fédère par delà les divergences politiques contingentes, en fin de compte, de mieux les appréhender, de mieux les connaître.
L’on se limitera à certains intellectuels référents afin de ne pas se perdre dans la nuée de ceux qui ont laissé des traces dans les mentalités et dans la religion pratiquée par les islamistes radicaux, car le nombre de ces personnalités auxquels ils se réfèrent est très important. Ce sont donc les noms les plus souvent cités, les personnes vraiment signifiantes, aux racines intellectuelles les plus vives que je citerai.
Les mouvements islamistes radicaux sont de tous les pays, depuis le Maroc jusqu’aux confins de l’Indonésie, en passant par le Proche-Orient et l’Asie Centrale. Ce qui va réellement fédérer ces mouvements ne sera pas en fait l’Islam en tant que tel, mais une interprétation singulière de cette religion, mutée en une idéologie de combat, à l’instar du communisme international des années vingt et trente du XXème siècle.
Jules Monnerot a dit, dans sa « Sociologie de la révolution », que l’Islam serait le Communisme du XXIème siècle ; en cela il n’avait pas tort, pour autant en fait que l’on entende « islamisme » quand il dit Islam – c’est en tout cas mon sentiment.
A titre de comparaison, les socialistes d’aujourd’hui chantent, tout comme les communistes, l’Internationale à la fin de leur meeting mais ils sont, eux, néanmoins complètement convertis au mondialisme (libéral) et ne se lanceront pas dans la révolution, trop heureux de jouir de leurs privilèges acquis.
De même, la plupart des musulmans d’aujourd’hui professent-ils l’Islam, le même en apparence que celui des radicaux terroristes, ils n’en sont pas pour autant des « islamistes », prêt à se lancer dans le Jihad meurtrier. C’est le problème de l’interprétation du Coran, des Hadiths, de leurs questionnements (Ijtihad).
A mon sens, le « musulman moyen » d’aujourd’hui n’est pas l’ « homme au couteau entre les dents » des affiches de propagande anti-communistes des années 30. Pour le musulman pieux - quelque soit la tendance à laquelle il se raccorde d’ailleurs - il n’y a qu’un seul Islam, celui qu’il pratique. Mais force est de constater - et a fortiori pour un non musulman - qu’il y a plusieurs islams, car il y a plusieurs pratiques, plusieurs écoles et traditions, plusieurs branches, plusieurs sectes, etc.
Pour les intellectuels musulmans non islamistes contemporains, ces référents intellectuels dont il sera question ici leur sont connus, mais comme autant d’intellectuels dont la parole ou la geste n’est plus de mise car appartenant à un autre temps, à une autre époque, à une autre situation où les mœurs, les pratiques sociales, politiques s’opéraient différemment[1]. Parallèlement, les référents intellectuels des islamistes radicaux dont il sera question ne seront pas ceux d’un seul pays, d’une seule région ou d’un continent particulier (ils seront irakiens, iraniens, pakistanais, égyptien, etc.).
Une approche de la pensée de ces « intellectuels » peut permettre également de voir qu’il n’y a seulement qu’une différence de degré et non pas de nature entre les islamistes qualifiés de « modérés » et les islamistes dits radicaux ; les deux courants se référant aux mêmes « intellectuels phares ». (ex. le PKS indonésien)
Il y a eu par le passé différentes périodes importantes dans la formation de cette idéologie islamiste. Si l’on brosse un tableau chronologique, on peut observer, dès les premiers temps de l’islam, les premières poussées islamistes radicales avec les Karijites. (ou en arabe, Kawaridje, litt. « Ceux qui sortent » ; ils se séparent volontairement du groupe). Le Karijisme et Karijites sont apparus dès les premiers temps de l’Islam, lorsqu’ils se sont opposés au troisième Calife Usman (après avoir reconnu les deux premiers, Abu Bakr et Omar) qu’ils accusaient de népotisme.
C’est une des sectes de l’Islam (72) parmi les plus puritaines qui soient. Schématiquement, voici quelques traits qui les caractérisent :
- Ils considèrent les musulmans qui ne sont pas de leur secte comme non-croyants.
- Pour eux, un croyant ne peut résider chez les infidèles et doit revenir en terre d’Islam.
- Un infidèle n’a, pour eux, aucun droit légal à exister, il peut donc être légalement razzié et éliminé (exception faite pour les personnes du Livre : chrétiens et juifs).
- Les païens doivent être soit convertis, soit tués, tant le paganisme représente pour eux un affront à Dieu.
Les Karijites étaient en un premier temps réputés pour leur maîtrise de l’art oratoire et de la poésie, c’est par ce biais qu’ils ont attirés vers eux un certains nombre de recrues. Mais ils ont utilisé d’autres « ressources », moins pacifiques celles-là…
Pour les Karijites, le Jihad consiste à imposer l’Islam par la force, leur vision de l’Islam, bien sûr.
Ils n’obéissent à aucune loi de la guerre (attitude vis-à-vis des femmes, enfants, prisonniers). [Les plus fanatiques d’entre eux étaient ceux de la secte d’Azariqa. Leur chef de file était l’Imam Ibn Rustam].
Dans leur conception de l’Etat, la loi coranique doit être appliquée littéralement sans aucune espèce de considérations pour les membres de la communauté (prééminence des principes sur les individus). Le seul devoir est celui de l’obéissance à Dieu (Allah).
Ils sont opposés au principe de la Royauté. Ils rejettent le concept de consensus et d’analogie adopté par les autres musulmans. L’Imam doit avoir tous les pouvoirs et ne doit pas se soumettre à un quelconque système judiciaire.
Ali, le cousin de Mahomet, quatrième Calife (en 656), a affronté les Karijites sur le terrain de l’idéologie avec succès, puis il a éliminés les irréductibles, en leur infligeant une défaite militaire à la bataille de Nehrawan. C’est d’ailleurs (Ibn Muljam) une personne ayant eu sa famille tuée lors de cette bataille, qui assassinera Ali.
Ce que l’on peut constater, c’est qu’il y a dans l’idéologie des Karijites, un grand nombre de similarités avec celle de Ben Laden.
Mouvement de Renaissance au 18ème siècle
Il est apparu en réponse au déclin des 3 empires musulmans de l’époque (Empire Ottoman en Turquie, Empire Safavid en Perse et l’Empire Mongol en Inde)
Le but du mouvement était de restaurer l’Empire Islamique du 7ème siècle, celui de l’époque de Mahomet.
Le but du mouvement était de restaurer l’Empire Islamique du 7ème siècle, celui de l’époque de Mahomet.
Ce mouvement se manifeste dans le Wahhabisme, (sectaire = qui n’est pas avec nous est contre nous) fondé par Muhammad ibn Abd al Wahhab (1703–1792) dont l’idéologie est en fait inspirée essentiellement des écrits d’Ibn Taymiyya (né entre la Turquie et la Syrie actuelles 1263-1328).
Taymmiyya est celui qui a légitimé par ses fatawa, le Jihad mené contre des musulmans, lorsqu’ils sont considérés comme impies. C’est l’inspirateur de l’action contre les Mongols, qualifiés de « faux musulmans » (les conquérants du Califat des Abbasside).
Les terroristes actuels font souvent référence à Taymiyya pour justifier leurs actions menées contre leurs gouvernements respectifs.
Mouvement Réformiste au 19ème siècle
Mouvement qui ont pour intellectuels phare le perse (Sayyid Jamal al-Din Asadabadi, dit) Jamal Al-din al-Afghani (1838-1897) et l’indien Sayyed Ahmad Khan (1817-1898).
Chez al-Afghani il n'y a pas d’hostilité foncière vis-à-vis de l'Europe. Pour lui, la grandeur de la civilisation islamique pouvait être restaurée, (1) en acceptant les fruits de la raison que constituaient les sciences modernes nées en Europe, mais aussi, plus fondamentalement (2) en restaurant l'unité de la Communauté musulmane. Il appelait aussi à la réconciliation entre sunnites et chiites.
Pour al-Afghani, l'islam est la seule grande religion qui libère l'esprit humain des illusions et des superstitions, contrairement au christianisme qui est en opposition avec la raison. En cela il a repris les critiques de Renan (qu'il a connu à Paris) contre le christianisme. A son sujet, Renan dans ses écrits, louait « La grande liberté de pensée, et le caractère noble et loyal d’ al-Afghani».
Ce mouvement réformiste a compté et compte encore énormément dans l’Islam aujourd’hui. On ne peut pas le qualifier « d’Islamiste », mais il n’en demeure pas moins qu’il a représenté pour beaucoup de musulmans une prise de conscience, une étape dans le cheminement (mondain, politique) de leur religion ; il inspire également, de par son aspect novateur, « ouvert sur la science », de nombreux islamistes actuels.
Mouvement Radical au 20ème siècle
Les deux théoriciens de ce mouvement, Maulana Maududi et Sayed Qutb, défendent l’idée selon laquelle la révolution ne peut aboutir sans la prise de pouvoir politique.
Le premier, Maulana Maududi, (1903-1979) un pakistanais, veut établir une « théo-démocracie » et il a mis en place une idéologie révolutionnaire qui avait pour but de changer l’ordre social à partir des principes islamiques. La révolution universelle. Les non musulmans n’ont pas le droit de participer aux affaires de l’Etat ; si selon lui, il ne doit pas y avoir de conversion forcée, les non-musulmans sont néanmoins considérés comme des citoyens de second rang.
Sayed Qutb, (1906-1966) le second, un égyptien, est le père idéologique des Frères Musulmans en Egypte. Influencé par Maududi ; lui aussi croit que la révolution est le seul moyen de parvenir à la transformation du monde de l’ignorance (Jahaliyya), celui qui ne vit pas par les principes de la Sharia. Comme les Wahhabites et les Karijites (Kawaridj), il rejette les musulmans occidentalisés hors de la communauté des croyants. Il a voyagé au USA. Son livre « Etapes » (Milestones) donne sa vision du monde, vision pragmatique quant au retard matériel et technique du monde musulman vis-à-vis de l’Occident. Sayed Qutb a intégré le fait que le système international pouvait être pénétré mais ne pouvait pas être changé.
Sa stratégie déclarée est de prendre le pouvoir dans un Etat, cet Etat devenant l’avant-garde du mouvement afin de réaliser la révolution mondiale : les « Etapes ». Le Jihad doit commencer une fois que les moyens militaires sont acquis, il fustige les musulmans défendant le Jihad défensif. Pour lui, le sabre doit prendre plus de place dans la lutte même si la plume doit toujours le contrôler.
Les non-musulmans sont chez lui aussi considérés comme des citoyens de second rang, à moins qu’ils ne deviennent musulmans.
Signalons au passage que Qutb a beaucoup influencé Abdullah Azzam, l’architecte de l’idéologie de Ben Laden.
Je passe rapidement sur Hassan al-Bannâ (1906-1949 assassiné), fondateur des « Frères Musulmans » (1929-1948); c’est davantage un organisateur, un homme d’appareil, un politique qu’un intellectuel pur. Il n’en demeure pas moins que son mouvement, les « Frères Musulmans », qui ont été à la pointe dans la lutte politique contre la présence occidentale britannique (des nationalistes) servent de modèle à de nombreux mouvements islamistes dit « modérés » d’aujourd’hui, tant il est exemplaire dans sa structure organisationnelle : Cloisonnements (cellules), filtres dans le recrutement (rites, examens, etc.), moyen et méthode de diffusion de l’idéologie (argumentaires structurés, adaptés à chaque cas, utilisation de moyens de communication modernes, etc.).
Islamisme radical aujourd’hui et Ben Laden
Pour saisir ce que peut être l’idéologie de Ben Laden, il faut parler d’Abdullah Azzam et d’Aiman al Zawahiri, ses inspirateurs.
Abdullah Azzam (1941-1989) a été très influencé par la guerre en Afghanistan. Pour lui, le gouvernement islamique ne peut se réaliser de manière pacifique. Il encourage les musulmans à développer leur désir de mourir et d’accomplir « le martyre ». C’est l’appel qu’il lance dans son livre « S’affilier à la Caravane » (Join the Caravan).
Ses principes : si une terre musulmane est occupée par des non-musulmans, le Jihad devient une obligation pour chaque musulman. Il cite souvent Ibn Tamiyya.
Pour Abdullah Azzam, le Jihad défensif c’est défendre une terre musulmane occupée par des musulmans et le Jihad Offensif, c’est le mouvement pour amener le monde entier à l’Islam, sachant que le Jihad Offensif ne doit être conduit que s’il n’y a pas de Jihad défensif à accomplir. S’il n’y a pas de Jihad défensif, le Jihad Offensif doit être lancer au moins une fois par an, afin de terroriser les opposants à l’Islam.
Pour Ben Laden, la définition du Jihad est plus large que chez Abdullah Azzam, le Jihad devenant une lutte contre les infidèles. La culture du « martyr » est inscrite totalement dans l’idéologie d’Al Qaeda.
Aiman al Zawahiri (né en 1951) est un égyptien, activiste terroriste du mouvement « Jihad Islamique ». Il a pris la place laissée après la mort d’Azzam. Zawahiri est grandement influencé par la pensée de Qutb.
Quant à la stratégie de Ben Laden, elle a consisté à s’assurer que d’autres religieux à travers le monde édictent les mêmes fatawa relatives à l’appel au Jihad pour défendre la terre sainte des musulmans (l’Arabie).
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Sans être trop long, il faut aussi parler d’un certain nombre de personnages que beaucoup d’islamistes radicaux citent comme référents et de quelques mouvements influents:
Il y a Shaykh 'Abdul-'Azeez Ibn 'Abdullaah Ibn 'Abdur-Rahmaan Ibn Baaz (1909-1999), qui a été Grand Moufti d’Arabie saoudite (un rigoriste Wahhabite s’il en est). Ses sermons très diffusés, sont un modèle du genre.
Il y a Youssef Al-Qardhawi (1926- …), un prêcheur, lui aussi, qui conclut tous ses sermons du vendredi en implorant Allah d’éradiquer tous ceux qui n’épousent pas l’Islam. Il présente régulièrement des émissions de télévision (une vedette du petit écran). En dehors de ses appels au Jihad contre toutes les autres religions, Al-Qardhawi est quelqu’un qui incite à la violence contre toute opinion divergente.
Il faut évoquer aussi, je crois, une secte : les Mahidistes, ceux qui attendent le « Mahadi ». On les retrouve en Iran, avec notamment Mahmoud Amadinedjad, le Président iranien actuel. Il faut savoir que ce dernier est un mystique « avancé ». En tant que Maire de Téhéran (en 2004), il a fait construire une grande avenue en guise de préparation à la venue du Mahadi ; en tant que Président il a alloué 17 millions de dollars à l'érection d'une mosquée en carrelage bleu, intimement associée au Mahadi, à Jamkaran, au sud de la capitale. Amadinedjad a d’ailleurs fait construire une ligne ferroviaire directe entre Téhéran et Jamkaran pour les futurs flots de pèlerins.
Le Mahdaviat (le Mahadi), c’est, disent les islamologues, «le restaurateur de la religion et de la justice, celui qui régnera avant la fin des temps». «La croyance en un Mahadi de la famille du prophète est un aspect central de la foi chiite radicale», où elle est également connue sous l'appellation de «retour du douzième imam». Pour Amadinedjad, la fin des temps est proche, la venue du Mahadi est pour très bientôt (2 à 4 ans).
On ne peut faire l’impasse également sur le Hizb ut-Tharir, un mouvement politique transnational, crée à Jérusalem en 1953 par Taqiuddin an-Nabhani. Ce mouvement est intéressant à étudier car il véhicule un « islamisme école », valable en tout temps, en tous lieux. Le Hizb ut-Tharir prône la restauration du Califat mondial ; il a une constitution (sur internet) où présente son modèle politique. Il est contre la Monarchie, contre les Etats Nations.
Le Hizb ut-Tharir est présent en Angleterre (son centre), en Irak, en Syrie, en Ouzbekistan, en Jordanie, en Turquie, en Egypte, en Tunisie, en Libye, et même en Indonésie où il est à la tête de toute les dernières manifestations islamistes pour l’application de la Sharia, contre le Magazine Playboy, ou pour la Loi contre la Pornographie loi qui ne lutte pas contre la production et la diffusion de la pornographie mais défini aussi un style vestimentaire, des comportements, etc.
Parmi les autres mouvements importants, il y a le Tabligi, cette secte radicale, travaillant essentiellement à la conversion, la Dak’wah ; c’est un mouvement de prêcheurs très actif, tourné exclusivement sur la religion et éloigné de la politique. Il faut rappeler que les terroristes islamistes arrêtés sont souvent passés par le mouvement Tabligi ; ce mouvement est une véritable anti-chambre vers les mouvements terroristes, disent les spécialistes en sécurité. Pour vous donner un exemple, ils sont de plus en plus importants au Cambodge, au point de prendre le pas sur les musulmans traditionnels pratiquant un Islam teinté d’animisme et issu de l’ancien Chiam. Les Tabligis se séparent volontairement des autres cambodgiens, créant des villages ceinturés de palissades, et où ils vivent comme ils l’entendent, à savoir selon les pratiques de leur Islam sectaire (vêtements, structure organisationnelle, etc.). Même si nous n’avons pas de preuves formelles de l’influence et du rôle des Tabligis du Cambodge dans l’Islamisme en Asie du Sud-Est, il reste que Hambali, le terroriste de la Jemaah Islamiyah (attentats de Bali I et II, etc.) a été arrêté en Thaïlande après avoir séjourné de long mois à Phnom Penh.
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Pour conclure, après avoir fait ce petit tour de la galaxie islamiste, je terminerai sur les moyens ou plutôt une des stratégies qui pourrait être adoptée pour lutter contre l’Islamisme.
Un des moyens, à mon sens les plus judicieux, pour contrer cette idéologie, se trouve dans l’histoire même de l’Islam. Quand Ali s’est affronté aux Kharijites, il les a défié sur le terrain même de leur idéologie, avant de le faire de manière plus violente et de les éradiquer.
Il faudrait donc délégitimer cette idéologie islamiste, discréditer ses dirigeants, sa stratégie et sa tactique auprès des musulmans. Il faudrait donc que les intellectuels religieux musulmans se mobilisent et déclarent ouvertement que l’idéologie d’Al Qaeda et de ses affidés, sont des mouvements oeuvrant contre l’Islam traditionnel, ceci en utilisant les mêmes méthodes (et Hadiths) qui ont été utilisées pour discréditer les Kharijites.
Il faudrait donc délégitimer cette idéologie islamiste, discréditer ses dirigeants, sa stratégie et sa tactique auprès des musulmans. Il faudrait donc que les intellectuels religieux musulmans se mobilisent et déclarent ouvertement que l’idéologie d’Al Qaeda et de ses affidés, sont des mouvements oeuvrant contre l’Islam traditionnel, ceci en utilisant les mêmes méthodes (et Hadiths) qui ont été utilisées pour discréditer les Kharijites.
Et il existe de tels religieux, mais ils ne se font pas entendre comme il le faudrait. J’en citerai deux : le pakistanais Fazlur Rahman (1919-1988), ou l’algérien Mohammad Arkoun (né en 1928).
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Nous sommes en prise à une guerre idéologique et force est de constater que, dans ce domaine, presque rien n’est fait ; c’est pourquoi, il s’agit de défendre et d’aider ceux qui, au sein même de l’Islam, courageusement, étudient, parlent et écrivent, en sapant et discréditant cette doctrine de l’islamisme radical.
Samuel Huntington a parlé de « guerre de civilisation », je dois dire que je n’y souscris pas du tout, contrairement à beaucoup. Je trouve cette approche très réductrice, belligène même, tant en dans les relations internationales, la civilisation ou la religion, ne représente qu’un des aspects, qu’un des facteurs de la géopolitique, à côté de l’ethnie, de l’histoire, de la géographie, etc. Gardons nous donc des analyses simplistes, certes qui rassurent mais qui n’aident en rien à la compréhension du monde et de l’actualité.
[1] Comme le disent les britanniques « The past is a foreign country, they do things differently there ».
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