17 décembre 2008

Le second front de la guerre contre le terrorisme : Les mouvements islamistes du Sud-Est asiatique

Texte paru dans l'ouvrage collectif "Al-Qaeda : Les nouveaux réseaux de la terreur" (Ed. Ellipses, 2003). Livre publié par le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), sous la direction d'Eric Dénécé.


Depuis septembre 2001, une montée en puissance certaine des mouvements terroristes islamistes s’observe en Asie du Sud-Est. Après la défaite des Taliban en Afghanistan, plusieurs milliers de radicaux islamistes, ayant échappé aux mailles du filet tendu par les Américains, ont trouvé refuge dans différents pays d’Asie du Sud-Est.

Pourquoi ces pays ? Comme le signale John Gershman, dans la livraison de juillet/août 2002 de Foreign Affairs, ce choix réside dans la conjonction de plusieurs facteurs :

- ce sont des Etats fortement touchés par la crise financière puis économique de 1997 ;
- il ne sont pas en mesure de faire respecter totalement la loi et l’ordre sur l’ensemble de leur territoire ;
- certains de ces Etats pratiquent une discrimination à l’égard de quelques franges de leur population.

Mais si ces trois conditions sont peut-être nécessaires, elles ne sont pas en tout cas suffisantes pour faire de certains pays le nid et le refuge des terroristes transnationaux d’Al-Qaeda. En effet, si l’Asie du Sud-Est est devenue le second front de la lutte contre le terrorisme, c’est essentiellement parce que les pays concernés recèlent sur leur territoire respectif - et ce depuis fort longtemps - des mouvements d’inspirations islamistes à même de prêter aide, refuge et main-forte aux hommes d’Al-Qaeda, ou encore de se servir de ce “ label ” pour donner une ampleur médiatique mondiale à leurs actions locales.

Cette région d’Asie du Sud-Est est donc devenue, à compter du 11 septembre 2001, le second front dans la lutte engagée contre le terrorisme islamiste. Ainsi, les Etats-Unis intervenaient aux Philippines aux côtés des forces armées de Manille fin janvier 2002 dans le cadre de l’exercice “ Balikatan 2002[1] ” (qui signifie littéralement "épaule contre épaule"); ainsi, étaient arrêtés plusieurs dizaines de militants radicaux tant en Malaisie qu’à Singapour et aux Philippines. A ce sujet, notons que l’Indonésie n’avait, avant les attentats de Bali et de Manado, pratiqué aucune arrestation tangible dans les milieux islamistes.

Ce sont quelques-uns de ces mouvements islamistes nous nous proposons de d’étudier dans ce chapitre, afin de permettre aux lecteurs de comprendre quelques événements passés, présents et futurs dans cette région stratégique pour le terrorisme d’inspiration wahhabite (Hassan al-Banna) ou salafiste (al-Mawdudi).

Les Philippines

Sam Brownback, un sénateur américain, siégeant à la commission des Affaires étrangères, déclarait en 2001 que les Philippines seraient “ la prochaine cible après l’Afghanistan ”. D’ailleurs l’intervention militaire américaine du début de l’année 2002, devait s’appeler Enduring Freedom-Philippines.

Ce nouveau théâtre de la lutte antiterroriste se situe au Sud des Philippines, entre l’île de Mindanao et l’Etat malaisien du Sabah, au nord de Bornéo. Entre ces deux terres, distantes d’environ 300 kilomètres, un chapelet d’îles : l’archipel des Sulu. Dans cette région vit une concentration de musulmans sunnites, de l’école shaféite, qui se range sous la bannière du “ peuple Moro ”. Les Moros regroupent ces musulmans du sud des Philippines qui ont été ainsi dénommés par les Espagnols au début du XVIe siècle. Les musulmans philippins ne représentent que 5 millions d’individus sur les 80 que compte les Philippines. Ils ne constituent pas une véritable unité puisqu’ils regroupent une dizaine de groupes ethnolinguistiques, peu solidaires entre eux.

A quelle menace avons-nous donc affaire ? Trois mouvements occupent la scène et mobilisent aujourd’hui à eux seuls près de 5 000 soldats philippins, sans compter les 12 000 membres des Unités géographiques des forces armées citoyennes (UGFAC) et des Organisations de volontaires civils (OVC).

Le premier et le plus ancien de ces mouvements est le MNLF, le Front Moro National de Libération. Il est également la matrice des deux autres. Créé en 1969 par Nur Misuari, le MNLF, dispose d’une branche armée, la Bangsa Moro Army. Elle comptait, dans ses “ grandes heures ” (années 90) environ 14 000 combattants. Le 2 septembre 1996, sous la présidence de Fidel Ramos, le MNLF entamait un processus de négociation avec le gouvernement de Manille et devenait le grand mouvement politique du sud des Philippines. Nur Misuari fut même, pendant une période, gouverneur de quatre provinces de la Région autonome de Mindanao musulmane (ARMM). Près de 7 500 guérilleros ont été intégrés dans les Forces armées philippines (AFP).

Cependant, des différends politiques - l'opposition de Manille à sa réélection - pousseront Misuari à reprendre la guerre contre le gouvernement. En exil volontaire, ce dernier fut arrêté en novembre 2001 par les autorités de Malaisie, puis transféré dans son pays d’origine et jugé pour rébellion. L’entente cordiale avec le Manille aura duré moins de cinq ans et la lutte armée du MNLF continue, malgré la l’incarcération de son chef. Peu rancunier, Misuari appelait, début février 2004, les musulmans philippins à voter pour la présidente Arroyo lors des élections présidentielles.

Second mouvement, le Front Moro Islamique de Libération (MILF) est né d’une scission au sein du MNLF, lors des négociations avec le gouvernement Philippin en 1978. Appelé en un premier temps “ Nouveau-MNLF ”, il a pris le nom de MILF en 1984. Ce mouvement est plus “ islamique ” que le MNLF. Hashim Salamat, son chef - qui fut membre fondateur du MNLF - a étudié non seulement à l’université Al-Azahr du Caire, dans les années 60 - où il se lia aux Frères musulmans - mais aussi au Pakistan où il fut influencé par Mawdudi du Parti Jamaat i Islami.

Le MILF compte 30 000 membres, dont 15 000 combattants intégrés au sein des Forces armées islamiques Bangsamoro (BIAF). Plusieurs milliers sont passés par le théâtre afghan et les camps d’entraînement gérés par les services pakistanais (ISI). Cela fait du MILF le plus important mouvement insurrectionnel de la région de Mindanao. En février 2000, une dizaine de consultants militaires saoudiens étaient par ailleurs présents à Mindanao ; et l’on avance même l’existence sur le territoire saoudien de camps d’entraînements destinés aux Moros. Le MILF reçoit, par le biais d’organisations islamiques, des subsides venant de Malaisie, du Pakistan et du Moyen Orient. Des tentatives de négociations à l'initiative du Gouvernement de Macapagal Arroyo ont été entreprises courant 2002, mais elles se sont soldées par des échecs. Le mot compromis n’existe pas dans le vocabulaire du MILF ; son objectif est l’indépendance de l’Etat islamique moro, ou la mort[2].

Troisième mouvement, comptant près de 1 000 combattants, encore plus intransigeant et radical dans son interprétation de l’islam[3] : le groupe Abu Sayyaf. Très médiatisé par ses enlèvements et ses décapitations d’otages, ce mouvement fut créé par Abdurajak Janjalani en 1991. Toutefois, il existait déjà en tant qu’organisation de prédication depuis 1972, à l’initiative de missionnaires iraniens envoyé par Khomeyni. Abu Sayyaf est dirigé depuis 1998 par Khaddafy Janjalani, un des frères du fondateur depuis la mort de celui-ci, le 18 décembre 1998.

Le dessein du groupe Abu Sayyaf est l’établissement d’un Etat islamique à Mindanao. Il est financé - entre autres - par l’Iran, par le Pakistan et ses services, et reçoit également un soutien significatif de la Libye. On se souvient du rôle joué par Tripoli lors de la libération des otages de Jolo, en 2000. Plusieurs dizaines de membres d’Abu Sayyaf sont passés par le théâtre afghan et le groupe est très bien équipé, tant en moyens de communication qu’en armement : canons ZSU-23-2, mortiers, armes antichar, fusils d’assaut, etc. Il est donc en mesure de causer des dégâts importants et de susciter l’inquiétude.

Les membres du groupe Abu Sayyaf sont des activistes “ agissant pour le seul profit, mais qui adoptent des postures idéologiques et politiques ; (…) ce n’est pas un mouvement politique avec un sérieux agenda politique ”, laisse entendre Eric Gutierrez de l’Institute for Popular Democracy[4]. S’attaquant à des civils innocents, dont des musulmans, Abu Sayyaf peut difficilement se présenter comme un mouvement politico-religieux. Par ailleurs, s’attaquant à des non-combattants, il ne peut se targuer du titre de mouvement de guérilla. Abu Sayyaf considère pourtant que toutes ses actions (kidnapping, terrorisme, meurtres, etc.) sont en accord avec l’islam, et que l’extinction des non-croyants est un des chemins menant vers Allah[5]. Cependant, dans les faits, Abu Sayyaf agit avant tout pour des bénéfices davantage financiers que purement politiques et le groupe n’apporte aucune aide aux populations musulmanes locales pour lesquelles il est sensé se battre. C’est donc une bande criminelle utilisant un discours islamiste radical pour rallier des sympathies et obtenir des aides étrangères afin de payer ses recrues.

Etant prêts à tout pour de l’argent, les membres d’Abu Sayyaf peuvent servir de sous-traitant ou de base de repli pour des organisations terroristes étrangères, tant dans le sud des Philippines qu’en Asie du Sud-Est en général. Après son arrestation au Pakistan le 1er mars 2003, Khaled Cheik Mohammed[6], numéro trois présumé d’Al-Qaeda, avouait avoir vécu aux Philippines dans les années 1990 et disposait encore sur le terrain des “ partenaires philippins ” selon le ministère de la Défense philippin.

Existe-t-il des liens entre ces trois organisations et Al-Qaeda ? L’amiral américain Denis Blair, commandant en chef américain pour le Pacifique, déclarait, le 3 décembre 2001 “ nous assistons à un accroissement de preuves sur des liens potentiels entre Abu Sayyaf et Ussama Ben Laden ”. Plus concrètement, il est avéré que le groupe Abu Sayyaf a reçu des subsides conséquents par le biais d’organisations caritatives islamiques comme l’Internatiobnal Islamic Relief Organization et par l’entremise de Mohammed Jamal Khalifa, beau-frère de Ben Laden. Par ailleurs, on sait qu’un agent d’Al-Qaeda, Ramzi Yusef - arrêté au Pakistan et jugé aux Etats-Unis depuis - est venu aux Philippines en 1994 pour entraîner les Abu Sayyaf. Quant aux liens entre le MILF et Al-Qaeda, ils sont probables mais non certains. Le MNLF quant à lui, n’a pas encore totalement renoncé à d’éventuels accords avec Manille ; il est donc plus en retrait sur cette question des liens avec le terrorisme international islamiste.

Là où la chose se complique, pour l’observateur, c’est que d’une part les trois organisations travaillent parfois les unes avec ou pour le compte des autres, et que d’autre part, on a de plus en plus de difficultés à distinguer qui est qui et qui fait quoi dans ces manifestations violentes relevant du banditisme, du terrorisme, et parfois même de la manipulation par certaines franges de l’armée philippine.

La Thaïlande

La Thaïlande compte, près de 8% de musulmans sunnites sur ses 62 millions d’habitants. Regroupés essentiellement dans cinq provinces du Sud du pays (Songkhla, Satun, Yala, Pattani et Narathiwat), à la frontière avec la Malaisie, cette population en grande partie d’origine malaise[7] a vu émerger des mouvements séparatistes musulmans dès l’annexion par la Thaïlande de plusieurs sultanats malais, dont celui de Pattani, en 1902.

Les habitants de cette région se sentent différents et déconsidérés par rapport au reste des citoyens. Dans ce contexte, des mouvements d’inspiration islamiste ont émergés. Il convient de s’intéresser à plusieurs d’entre eux, que l’on retrouve au cœur des événements qui ont agité le sud du pays au printemps 2004.

- Le BNPP, Barisan Nasional Pember-Basan Pattani, créé en 1959, dont le but est la sécession d’avec la Thaïlande et le rattachement à la Malaisie. Depuis le début de l’année 2004, le BNPP (ou BIPP) a quasiment cessé ses activités terroristes, mais il reste cependant très engagé dans sa participation à l’activité politique en Malaisie. Son quartier général se trouve d’ailleurs de l’autre côté de la frontière.

- Le BRN, Barisan Revolusi Nasional, apparu en 1960, s’est scindé en trois groupuscules peu après sa création (la Coordination BRN, le BRN Uram et BRN Congress) ; le plus important d’entre eux étant le “ Congrès du BRN ”, dirigé par Rosa Burako, assez actif militairement mais aussi politiquement. Son QG se trouve lui aussi, en Malaisie.

- Le BNP, Mouvement Pattani Mujahideen, créé en 1985, dont la plupart des membres viennent du BNPP. Son but est de regrouper les différents mouvements de résistance en une seule entité. Basé en Malaisie, le BNP n’est pas vraiment très florissant et son action se confine essentiellement à l’activité politique en Malaisie.

- Le PULO, Pattani United Liberation Organization, apparu en 1968, est probablement le plus actif et le plus important des mouvements musulmans terroristes. Créé par Tuanku Biyo Kodoniyo, le PULO se scindait en deux factions fin 1992, donnant naissance au PULO Leadership Counsil - appelé plus tard Abu Jihad PULO, dirigé par A-rong Muleng - et au PULO Army Command Counsil de Hayihadi Mindosali, avec sa branche militaire, l’armée Caddan. Des luttes intestines ont rendu, depuis 1992, le PULO presque inexistant en tant qu’organisation politique, mais quelques militants se sont regroupés et mènent toujours des opérations militaires dans le sud du pays. Leur QG se trouve en Malaisie.

- Le BERSATU, Front Uni pour l’Indépendance de Pattani, émerge véritablement en 1991, après une tentative en 1989 entre des membres du BNPP, du BRN Congress, et du nouveau PULO. Il mène conjointement des activités de guérilla (attentats contre des écoles et des symboles de l’autorité thaïe comme les bureaux de poste) et de politique (propagande). Le BERSATU souhaite la reconnaissance de l’identité musulmane en Thaïlande et en appelle à une intervention étrangère pour régler cette question.

- Un autre groupuscule a fait parlé de lui au début de 2004 : le Gerakan Mujahideen Islam Pattani (GMIP). Mais très peu d’éléments d’information existent sur ce mouvement. La seule chose connue est qu’il agit souvent avec le BRN.

Ces différents mouvements ne regroupent que quelques centaines d’individus - combattants compris - et ne sont pas encore intégrés dans l’internationale islamiste. “ Pas encore ”, car il faut noter que depuis quelques années, nous assistons à l’émergence d’une génération de musulmans thaïlandais ayant suivi des formations (religieuses et militaires) financées par l’Arabie saoudite, notamment dans des madrasas pakistanaises. Cette génération est acquise aux idées plus orthodoxes et radicales, souhaitant la restauration de l’ancien sultanat de Pattani et l’instauration de la sharia. Les craintes d’attentats sur les lieux touristiques bien connus de Koh Samui ou de Phuket ne sont donc pas injustifiées, la situation actuelle de ces petits mouvements requerrant une grande attention.

L’incertitude sur l’origine des récents attentats dans le sud

Dans les premiers jours de janvier 2004, des actions violentes furent menées dans différents points des provinces du sud de la Thaïlande. Attribuées aux islamistes séparatistes, ces attaques choquèrent vivement la population thaï. Moins de deux mois plus tard, on apprenait par la bouche du Premier Ministre Taksin, que des membres du gouvernement ainsi que des militaires thaïlandais étaient plus ou moins impliqués dans l’affaire.

Le samedi 4 janvier 2004, des bandes armées non-identifiées attaquaient 93 endroits du sud de la Thaïlande, faisant près de 40 morts (musulmans et bouddhistes). Les cibles (18 écoles détruites ainsi que des installations de la Police et de l’armée Thaï attaquées et volées) font penser que les auteurs sont issus des mouvements séparatistes musulmans connus (PULO, PULO Mai, BRN ; organisations ayant toutes leur base arrière respective en Malaisie), alors que depuis près de deux ans ces mouvements étaient en perte de vitesse, avec seulement 70 militants actifs recensés.

Dans l’éventail de ces attaques du mois de janvier, une a plus fortement focalisée l’attention des observateurs et des Thaïlandais en général : celle qui a eu lieu sur une caserne dépôt de l’armée royale. Quatre soldats thaïlandais y étaient tués ainsi qu’un moine bouddhiste (égorgé devant témoins). Cette attaque a permis aux assaillants de dérober un grand nombre d’armes (300 fusils d’assaut, 40 pistolets, 2 M-60) ainsi que des munitions.

La Police thaïlandaise suit particulièrement le Gerakan Mujahideen Islam Pattani (GMIP, le Mouvement des Mujahiddines de la Pattani Islamique) et ses chefs Jehbumae Buteh et Nai Cigu Maah Gootay. Une récompense d’un million de bath a été promise à toute personne qui donnerait aux autorités des informations conduisant à leur arrestation. Ce mouvement est un nouveau venu parmi les groupes armés islamistes séparatistes opérant dans cette zone. Peu d’informations circulent au sujet de ce groupe, dont on ne connaît clairement ni les effectifs, ni les racines idéologiques et financières véritables, ni les liens qu’il pourrait avoir avec d’autres mouvements transnationaux comme la Jemaah Islamiyah ou encore Al-Qaeda.

De nombreuses questions restent posées suite à ces attaques de janvier 2004 menées dans près de 20 districts des provinces de Yala, Narathiwat et de Patani (proches de la frontière avec la Malaisie), sous Loi martiale depuis le 6 janvier. Si les soupçons se sont tournés immédiatement vers les mouvements séparatistes musulmans locaux, d’autres hypothèses apparaissent pourtant, ne disculpant pas pour autant les premiers, mais développant autrement les motifs réels des attaques.

Le 11 février, le petit poste de police d’Ayer Weng, non loin de la frontière avec la Malaisie, était attaqué[8]. Le 23 mars, une bombe explosait à Narathiwat non loin du lieu où se réunissaient les ministres thaïlandais de l’Intérieur et de la Défense et des représentants de l’administration locale. Le 27 mars, une bombe posée sur une motocyclette explosait, toujours à Narathiwat, détruisant un club nocturne assez volage, blessant 30 personnes[9]. Le 30 mars, des hommes armés volaient de la dynamite, des détonateurs ainsi que 1,4 tonnes de nitrate d’ammonium dans une carrière à Yala. Le 14 avril, des cheminots de la province de Patani découvraient une tentative visant à faire dérailler un train[10].

Mais c’est le 28 avril 2004 que survenait un fait surprenant dans ses modalités. Ce jour là, quinze postes de police, des postes de défense des villages, des bureaux de districts étaient simultanément attaqués par des hordes de séparatistes en furie, brandissant des machettes et pour certains des armes à feu[11]. Ces attaques amenèrent une riposte immédiate de l’armée thaïe et l’on dénombrait au final 113 morts dont 108 civils. Une partie des assaillants s’étant réfugiés non loin de Patani, dans la mosquée de Krue-Sae[12], les soldats thaïlandais, après plusieurs heures de combats, anéantissaient les 32 insurgés fanatiques, s’attirant les foudres des observateurs patentés - tant locaux qu’internationaux - pour la “ brutalité de leur attaque ” ; la mosquée fut en effet partiellement détruite. Quant aux victimes, elles étaient jeunes, moins de 25 ans pour la plupart, curieusement toutes habilléss de noir.

Le 21 février, le Premier ministre thaï, Taksin Shinawatra, formulait des soupçons à l’encontre de membres suspects de son gouvernement. “ Des représentants du gouvernement sont impliqués dans cette affaire [du mois de janvier], mais leur nombre, leur identité et le niveau auquel ils agissent n’ont pas encore été découverts ”, déclarait-t-il à la presse. L’armée thaïe croit, quant à elle, que les mouvements séparatistes musulmans sont derrière ces attaques, bénéficiant du soutien actif du KMM malaisien, un mouvement islamiste ayant des liens avec la Jemaah Islamiyah (JI). Des bulletins de renseignement thaïlandais et malaisiens avançaient que près de 100 combattants islamistes s’étaient d’ailleurs déplacés vers la frontière avec la Malaisie avec l’assistance du KMM.

En dehors de ces membres du gouvernement que fustige le Premier Ministre thaïlandais, il est également probable que des militaires thaïs eux-mêmes, puissent aussi être impliqués à un certain niveau dans cette affaire ; une situation trouble dans cette région ramenant l’armée au premier plan, tant politiquement que budgétairement[13]. D’un autre côté, le percement du Canal de Kra[14] situé justement dans ces provinces du sud de la Thaïlande à majorité musulmane, n’est peut-être pas totalement étranger à cette situation d’insurrection globale.

Ainsi, d’autres acteurs, par exemple des personnes ayant des intérêts financiers menacés par cette construction, pourraient être impliqués. En effet, si le canal se faisait, de très nombreuses sociétés basées principalement en Malaisie voisine mais aussi à Singapour, se délocaliseraient pour s’installer autour du canal, en Thaïlande. Il est aisé de comprendre de la sorte, qu’une situation instable dans les alentours du futur Canal, profiterait à ceux ayant des intérêts menacés. Il est a noter que le gouvernement Thaïlandais a décidé de construire, à l’instar d’Israël, un mur de sécurité le long de sa frontière avec la Malaisie, afin de couper les mouvements rebelles musulmans de leurs bases de arrière. Cette décision n’a pas soulevé d’objection de la part de Kuala-Lumpur.

Ce qui expliquerait également le regain de violences dans le sud de la Thaïlande depuis quelques mois – c’est de loin l’hypothèse la plus probante et la plus inquiétante – c’est une convergence d’intérêts conduisant les mouvements musulmans séparatistes thaïs d’une part et les puissants réseaux locaux du syndicat de la drogue d’autre part à s’allier et à mener des actions communes, effaçant la ligne de démarcation entre les bandes criminelles liées au trafic de drogue et les séparatistes terroristes. Depuis la “ guerre contre la drogue ” déclarée par le Premier ministre thaï au début de l’année, des relations se sont en effet forgées entre les gangs criminels, les militants islamistes et les séparatistes. Ces mouvements ont en effet un ennemi commun : le gouvernement central.

Le général Chaisit Shinawatra, chef d’état-major de l’armée de terre, estimait que les “ extrémistes ” enrôlaient des jeunes “ en leur faisant penser que se baigner dans une eau sacrée les rend immortels ” ; pour ce cousin du Premier ministre thaïlandais, les écoles coraniques (ponoh) enseignant la doctrine wahhabite font subir un véritable “ lavage de cerveaux ” à ces jeunes. Tous ces éléments expliqueraient la folie meurtrières et l’inconscience des assaillants se ruant, machette à la main, face à des soldats armées de fusils d’assaut et de fusils mitrailleurs.
Cette alliance entre les réseaux de la drogue et les mouvements séparatistes musulmans du sud de la Thaïlande, est loin d’être incongrue. Baignant dans l’illégalité, ces deux mouvances ne pouvaient que se rencontrer car elles partagent une même culture criminelle, et la “ zone grise ” du sud de la Thaïlande représente le terrain parfait pour mener le genre d’actions meurtrières observées depuis le début de l’année 2004. Cette partie de la Thaïlande qui annonce la péninsule malaise, a en effet deux large bande côtière l’une ouverte sur l’océan Indien à l’ouest et l’autre sur le golfe du Siam, à l’est ; c’est le terrain idéal pour l’établissement de nouvelles routes dans le trafic en tout genre, comme le souligne l’amiral Amornchot Sujirat, chef d’état-major de la 3e région maritime thaïe.

Par ailleurs, le 19 avril, sans grande attention des commentateurs internationaux, les ambassades du Pakistan et de Corée du Sud à Bangkok, tout comme les bureaux de Korean Air[15], de Philippines Airlines et de Kuwait Airways de la capitale thaïlandaise recevaient des lettres de menaces d’attentats émanant d’un groupe mystérieux nommé “ Organisation d’outre-mer Jaune-Rouge ” ; ces menaces d’attentats au gaz Sarin sont dirigées “ à l’encontre de toutes les composantes de l’alliance américaine opérant en Irak ”. Ces lettres en question, rédigées en anglais, transmises par courrier banal de l’intérieur même du territoire thaïlandais, étaient signées par un certain Mohammad M. Salah. En dehors des récipiendaires, plusieurs pays sont visés comme l’Australie, le Japon, les Philippines, Singapour et la Thaïlande.


La Malaisie

Les mouvements islamistes thaïlandais évoqués ont des liens très forts avec les régions du nord de la Malaisie, notamment le Kelantan. La Malaisie est un des rares pays de la région a avoir adopté l'Islam comme religion d'Etat tout en n’appliquant pas la sharia. Les musulmans de ce pays représentent un peu plus de la moitié des 23 millions d’habitants. Nous nous limiterons, pour la Malaisie, à parler de trois mouvements islamistes les plus significatifs.

Le PAS, Partai Islam se-Malaysia (Parti Islamique Pan-malais) est un parti politique d’opposition et non un mouvement terroriste. Il regroupe en son sein des militants aux idées très puritaines, voire plutôt radicales en matière d’Islam. Le chef spirituel du PAS (PAS's Murshid'ul Am), Datuk Nik Aziz Nik Mat, est un adepte du déobandisme, une école de pensée islamique radicale très inspirée des thèses d’ Hasan al-Banna. Son fils, Nik Adli, est un vétéran d’Afghanistan, qui fut arrêté en août 2001 en Malaisie en tant que chef présumé d’un groupe islamiste complotant, non seulement contre le Premier ministre de l’époque, Mohammad Mahatir, mais encore dans le but d’instaurer un Etat islamique regroupant la Malaisie, l’Indonésie et le Sud des Philippines. Le PAS a poussé, surtout depuis une dizaine d’années, le parti de la majorité au pouvoir (l’UMNO) dans le jeu du “ plus islamique que moi, tu meurs ”. Et il est possible de dire que le PAS a gagné sur ce plan[16] : Mahathir ne voulant pas se décrédibiliser islamiquement parlant, il a participé lui-même activement à ce jeu, allant jusqu’à déclarer que la Malaisie était “ déjà un pays islamique ”, soulevant l’émoi des minorités non-musulmanes, particulièrement du DAP (Democratic Action Party).

Parallèlement existe un groupe islamiste opérant, tant en Malaisie qu’en Indonésie, le KMM (Kumpulan Mujahideen Group) ou Groupe des moudjahidines malais. Au début 2002, 40 de ses militants étaient arrêtés pour attaques de banques, meurtres et kidnappings. L’ancien responsable de la branche “ Prévention du terrorisme ” aux Nations Unies, Rohan Gunaratna, certifiait en janvier 2002 que des liens militaires existaient entre le KMM et Al-Qaeda. Notons que des membres du KMM, comme Abdul Rahman, ont été entraînés dans des camps en Thaïlande, et que certains de ses membres ont été envoyés aux Moluques entre 2000 et 2001.

Mais, c’est un autre mouvement qui a fait parler de lui depuis les attentats de Bali, le 12 octobre dernier : la Jemaah Islamyiah, mouvement transnational, essentiellement composé d’individus venant de Malaisie et d’Indonésie, utilisant au mieux les frontières poreuses des pays d’Asie du Sud-Est. Ce mouvement est dirigé par un certain Hambali[17] - de son vrai nom Nurjaman Riduan Isamuddin - cerveau des attentats de Bali, qui fut activement recherché par toutes les polices du monde avant d’être arrêté en août 2003. Détenu par les Américains dans une île de l’océan Indien, il n’a toujours pas été interrogé ni remis aux autorités indonésiennes malgré les demandes réitérées de Jakarta. Hambali était chargé de coordonner les activités de la Jemaah Islamiyah avec les islamistes de Thaïlande et du MILF philippin, au sein d’une alliance appellée Rabatitul Mudjahiddin. Il aurait été cependant remplacé, en octobre 2002, dans ses fonctions, par un dénommée Muklas (arrêté depuis) et qui n’est autre que le frère d’un des responsables de l’attentat de Bali, Amrozi, lui-même arrêté et détenu aujourd’hui par la police indonésienne.

Le but de la Jemaah Islamyiah, comme celui du KMM, est la création d’un Etat islamique du Sud-Est asiatique. Ces deux mouvements fonctionnent en symbiose et les liens entre eux sont étroits. La Jemaah Islamyiah est implantée dans tous les pays de la région. C’est l’organisation qui est, de loin, la plus dangereuse et la plus structurée[18], à même d’être le véritable relais d’Al-Qaeda dans la zone.

Nous ne n’aborderons pas les autres petits groupuscules islamistes fort actifs en Malaisie. Tous sont plus ou moins clandestins et ne s’occupent pas que de prédication (l’Angkatan Belia Islam Malaysia, le Jamaat Tabligh, l’armée d’Allah sur terre, etc.). Le danger qu’ils représentent demeure, pour l’instant, mineur.


L’Indonésie

L’Indonésie est le plus grand pays musulman du monde, sans être - et il faut le souligner - un Etat islamique. Il compte 210 millions d’habitants dont presque 90% embrassent l’Islam, un Islam fort singulier et différent de celui pratiqué dans les pays du moyen-orient[19]. Depuis la chute de Suharto en 1998, un certain nombre de mouvements se réclamant d’un islam radical ont vu le jour. Plutôt brimés sous le régime de l’Ordre nouveau suhartien[20], ils ont profité du processus de démocratisation entamé dans le pays pour avancer au grand jour et développer leurs thèses. Ainsi, a-t-on pu voir fleurir un très grand nombre de mouvements. Parmi eux, trois doivent retenir plus particulièrement notre attention.

Le premier est le Front des défenseurs de l’Islam ou FPI, (Front Pembela Islam). Créé en 1998, il est dirigé par un indonésien d’origine arabe qui a étudié en Arabie Saoudite, Habib Riziek (arrêté pour dégradation et saccage de commerce). Le FPI est présent quasiment dans tout l’archipel indonésien. C’est un mouvement très actif, doté d’une branche para-militaire (Laskar Pembela Islam), connu pour ses raids dans les rues de Jakarta et de certaines grandes villes de Java contre les bars, les discothèques, les lieux de prostitution et de jeux d’argent.

Les idées qu’il défend sont la pureté de l’islam, la lutte contre le vice et la mise en place d’un Etat islamique en Indonésie. Toutefois, derrière les slogans de ce groupuscule, on découvre d’autres motivations moins “ pures ”. Le FPI cherche en fait à extorquer de l’argent aux propriétaires des lieux auxquels il s’attaque ; en cela, il se substitue à certaines branches de l’Armée et de la Police qui régnaient jusqu’à présent sur ces activités “ lucratives ”. L’autodissolution du FPI, peu de temps après les attentats de Bali, ainsi que la demande du Chef des armées indonésiennes[21] de mettre fin à tous les groupements para-militaires, n’est d’ailleurs pas totalement étrangère à cet état de “ concurrence ”[22].

Le second est le KAMMI, l’Union des étudiants musulmans indonésiens, crée au début de l’année 98. Très proche des Frères musulmans, il conduit son action sur la plupart des campus indonésiens. Dirigé par Fitra Asril, le KAMMI compte près de 50 000 membres. Sans mener d’actions violentes, ce mouvement diffuse des idées islamistes radicales dans l’archipel. Très réactif, il peut lancer une manifestation rassemblant près d’un millier de personnes dès qu’un événement se présente. Par ailleurs, il bénéficie de relais bienveillants dans le monde politique, avec notamment le Parti de la Justice (Partai Keadilan, aujourd’hui PK-Sejahtera) et la personne d’Amien Rais, ancien Président de l’assemblée législative du peuple indonésien et chef de file du Parti du Mandat National (Partai Amanat Nasional), ou encore celle d’Hamzah Haz, ancien vice-Président.

Le troisième est le Laskar Jihad, mouvement salafiste qui s’est illustré de manière sanglante aux Moluques, contre des Chrétiens, entre 2000 et 2002. Dirigé par Jaffar Umar Thalib - lui aussi d’origine arabe et ancien d’Afghanistan - ce groupement a été en mesure d’envoyer dans l’archipel aux épices près de 6 000 combattants, non sans la complaisance d’une frange de l’armée et la passivité ou plutôt l’impotence du gouvernement d’alors. Il en est résulté un massacre dont les chiffres varient entre 8 000 et 11 000 morts. Si le Laskar Jihad a pu jouir d’une impunité des autorités et de la sympathie d’une part de la population, c’est essentiellement[23] à cause de la rhétorique nationaliste qu’il utilisait : son action était une cause “ nationale ”, il luttait contre un mouvement de sécessionnistes moluquois d’inspiration chrétienne mais non soutenu par le clergé, le FKM/RMS (Front Kedaulatan Maluku/Republik Maluku Selatan) ainsi que le Laskar Kristus.

Le Laskar Jihad a des liens avec le KMM malaisien et semble être en rapport avec les réseaux transnationaux islamistes. Le but du Laskar Jihad est l’instauration de la sharia et la création d’un Etat islamique en Indonésie. C’est le plus structuré et le plus violent des mouvements islamistes indonésiens. Moins d’une semaine après les attentats de Bali et de Manado, le Laskar Jihad se sabordait. La raison officielle invoquée par son chef, est la “ sécurité retrouvée des musulmans moluquois ”. La crainte de subir les foudres d’une action gouvernementale et le désir d’adopter un profil bas après les attentats de Bali et Manado, ne sont pas bien sûr étrangers à ce choix. Cependant, dissous ou non, les combattants du Laskar Jihad demeurent.


Singapour

Bien que n’ayant pas de mouvements islamistes locaux, l’île-Etat a toutefois servi de plate-forme de commandement à la Jemaah Islamiyah pour ses attentats en Indonésie et ailleurs, entre l’année 2000 et aujourd’hui. Au dernier trimestre 2001, étaient arrêtés à Singapour plus d’une dizaine de militants islamistes qui devaient participer à une série d’attentats prévus pour le 4 décembre 2001, tant à Singapour, qu’en Malaisie et en Indonésie (contre des intérêts américains, israéliens et britanniques, mais aussi indonésiens, malaisiens et philippins).

Cette opération, qui portait le nom de Djibril (l’ange Gabriel en arabe), comprenait trois équipes (Djibril 1, 2 et 3) qui devaient opérer séparément dans les pays concernés. Un indonésien, spécialiste des explosifs, Fathur Rohman al Ghozi, était arrêté le 15 janvier 2002, peu de temps après l’arrivée des soldats américains aux Philippines. Il est établi aujourd’hui qu’il faisait non seulement partie du groupe Jibril mais aussi qu’il faisait le lien entre la Jemaah Islayiah et le MILF philippin. A l’occasion de ces arrestations, les autorités de Singapour ont découvert qu’elles n’étaient pas épargnées par la vague islamiste régionale.


*


La menace islamiste n’est pas le seul mal dont souffrent la plupart de ces pays, et qu’elle ne constitue en rien la caractéristique des pays d’Asie du Sud-Est. De plus, l’islam majoritaire en ces pays n’est pas l’islam radical. Il convient de souligner également que dans tous les pays évoqués, les mouvements – même les plus violents – bénéficient souvent de complicité “ objectives ” en provenance des forces armées et de sécurité, comme de certains hommes politiques démocrates non islamistes, voire non musulmans.

Il y a cependant une réelle menace transnationale. Pour y faire face, il y a donc une politique de coopération régionale à mettre en place, par exemple dans le cadre du Forum Régional de l’ASEAN. L’amiral américain Denis Blair soulignait d’ailleurs à juste titre, en janvier 2002[24], que dans la guerre contre le terrorisme, le défi était “ au-delà des ressources et de l’autorité d’un seul pays et de ses forces armées ”.

Les attentats de Bali vont peut-être servir à développer ce travail en commun des forces de sécurité des pays concernés. Souhaitons, non seulement pour la sécurité régionale mais internationale, qu’il aboutisse.
Notes :

[1] Tous les ans, l’opération Balikatan - mais aussi une dizaine d’autres exercices militaires - regroupent les forces armées américaines et philippines. Ces “ exercices ” sont souvent très “ réalistes ” : balles réelles et théâtres d’opération réels eux aussi !
[2] Malgré le décès (de mort naturelle) d’ Hashim Salamat le 13 juillet 2003.
[3] En tout cas en apparence ; le drapeau vert servant plutôt à Abu Sayyaf de paravent à des activités criminelles et d’escroqueries financières.
[4] Cf. Eric Gutierrez : “ Rebels, Warlords and Ulama ”, Institute for Popular Democracy, Quezon City, Kristina Gaelan et Mara Stankovitch éditeurs, 2000.
[5] Merliza Makinano : “ Terrorism as a threat to national security ”, OSS Working Paper, 1997.
[6] Né au Koweït, Khaled Cheik Mohammed, titulaire d’un passeport pakistanais, aurait, durant son séjour dans l’archipel, constitué des réseaux opérationnels oeuvrant pour Al-Qaeda dans le Sud-Est asiatique. L’organisation terroriste a planifié successivement le détournement et la destruction d’une vingtaine d’avions de ligne au dessus du Pacifique, puis des attentats à la bombe contre les ambassades occidentales dans la région. Les plans ont été mis au point par un musulman de nationalité canadienne, Mohamed Mansour Jabara, lequel aurait été rattaché à Khaled Cheik Mohammed sur ordre d’Oussama Ben Laden lui-même. Selon la police indonésienne,pour mener à bien ces actions, Jabara aurait “ activé ” des cellules du réseau Jemaah Islamiyah. Jabara a été fait prisonnier à Oman, en mars 2002.
[7] Il faut distinguer les Thaï-Malay (d’origine malaise) des Thaï-Muslims (d’origine Cham) dans le centre et le nord du pays.
[8] Vraisemblablement par des membres du PULO.
[9] C’est la première fois que des civils étaient touchés dans la série d’attaques menées dans la région.
[10] Les rails ont été sabotés.
[11] Les armes employées pour cette attaque furent des AK-47, dont la provenance n’est pas encore établie officiellement ; notons que l’armée thaïe n’utilise pas ce type d’arme mais des M-16 de facture américaine.
[12] Haut lieu de culte chiite local, bâti au XVIe siècle.
[13] Cette tactique de pompier/pyromane est employée fréquemment dans plusieurs pays de la région, comme aux Philippines ou encore en Indonésie.
[14] Qui implique fortement le Japon financièrement parlant.
[15] Un terroriste lié à la mouvance Al-Qaeda aurait été appréhendé il y a peu en Corée du Sud après un “ voyage d’étude et de faisabilité ” au Japon ; il aurait notamment recueilli des informations sur les installations américaines tant en Corée du Sud qu’au pays du soleil levant. Ce terroriste serait actuellement interrogé par les autorités américaines. Le NIS (service de renseignement national Corée) n’a pas confirmé cette information.
[16] Sur ce plan car électoralement, lors de la dernière consultation du mois de mars 2004, le PAS a subi une déroute face à l’UMNO.
[17] La direction de la Jemaah Islayiah avait été attribuée hâtivement à Abu Bakar Bashir, un Indonésien très proche de l’organisation.
[18] Divisée en quatre Mantiqi (territoire), chacun d’eux divisé en Wakalah (branche) et dirigé par un chef local (qoaid wakalah) ; le Wakalah se subdivise en Khatibah, ces dernières en Qirdas, elles mêmes finalement en cellules (fiah), chaque fiah étant responsable de la collecte de fonds, du travail de prédication, de la sécurité et des opérations locales. Le réseau global rendant compte à un conseil de commandement régional (syura), basé en Malaisie, dont le dernier chef connu était Hambali.
[19] Voir les travaux de Clifford Geertz, « The Religion of Java ».
[20] En tout cas jusqu’aux années 1990, car ils furent parfois les sous-traitants du régime notamment contre les communistes du PKI dans les années 1960/1970.
[21] Le général Endriartono Sutarto
[22] Cf. les travaux de Marcus Mitzner.
[23] il est avéré que le LJ a bénéficié de soutient de la part d’une frange de l’armée et de la bienveillance de certains acteurs politiques de premier plan (non à des fins “ islamistes ” mais purement pour des raisons de politique intérieure et financière).
[24] Il a depuis quitté ses fonctions - atteignant la limite d’âge - et a rejoint le CFR

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