20 septembre 2021

Leur morale et la nôtre (sic) (1)

S’il est, je crois, une bonne façon de distinguer le chrétien du païen, c’est dans la relation qu’ils entretiennent respectivement avec le divin. De cette relation en découle une anthropologie bien distincte et aux conséquences innombrables, capitales - et notamment sur le plan de la morale.

Cette distinction, présente dans la Bible (2), fut notée et commentée par Saint Augustin (3). L’évêque d’Hippone posa, en effet, la question de savoir si nous aimions Dieu parce qu’il nous aimait, ou bien alors si nous l’aimions pour qu’il nous aime. A cela, l’auteur des Confessions de dire que le chrétien se rattachait irrémédiablement à la première proposition, car « Dieu nous a aimés le premier. Celui que nous avons aimé s’est lui-même donné : il s’est donné pour que nous l’aimions ».

Être dans l’une ou l’autre disposition marque un complet « renversement des valeurs », pour reprendre le terme nietzschéen. Le païen, par exemple, cherchant une reconnaissance et voulant satisfaire Dieu par tous les moyens, aura une morale subordonnée au(x) « bénéfice(s) », s’inscrivant dans une démarche d’appel, d’ « achat », il ira ainsi jusqu’au pire pour attirer et quémander l’amour de Dieu (des Dieux) – pensons aux sacrifices humains. Le chrétien, lui, sera dans une tout autre disposition et relation dia-logique. Il aimera son Dieu car il est aimé de lui. La morale chrétienne verra ainsi poser ses bases (don et contre-don, dirait un Marcel Mauss). C’est ainsi une anthropologie bien spécifique qui en découle, aux antipodes de celle du païen.

celtcross

« ἐν τούτ νίκα »


Notes :

(1) Une ironique référence, bien sûr, à l’ouvrage éponyme de Trotsky, qu’il faut lire, tout comme le "Que faire ?" de Lénine.

(2) 1 Jean 4:19

(3) Sermon 34, sur le psaume 149.


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