20 septembre 2021

Une révolution silencieuse...

On le sait - l’histoire abonde d’exemples - ceux qui lancent les révolutions sont rarement ceux qui les terminent ; en effet, tel Chronos, « la révolution dévore ses enfants ». A la révolution populaire, nous dit par ailleurs Karl Marx, succède... la révolution bourgeoise. 

Saturne dévorant son fils (1636), détail.

 Toutefois, ce qui est en train de s’opérer en France est plus particulier. Alors que les idées nationales/identitaires semblent gagner du terrain et qu’elles prennent un peu plus sens auprès d’un certain nombre de nos compatriotes, force est de constater que d’aucuns (des adversaires, pour ne pas dire des ennemis) ont très bien compris ce glissement. Afin de ne pas se laisser dépasser, ces adversaires (pour être gentil) ont entrepris depuis au moins une dizaine d’années, de phagocyter les mouvements et autres organes à même de faire éclore une authentique révolution identitaire et nationale.

Cette opération d’entrisme est à l’œuvre non seulement dans les mouvements politiques, mais aussi dans le milieu catholique de la tradition, dans les associations de défense de la famille ainsi que dans certains établissements d’enseignements privés qu’ils soient sous ou bien hors contrat.

Et, il faut bien l’admettre, ces adversaires gagnent immanquablement du terrain chaque jour de manière subreptice ; ils avancent masqués !

Pour qualifier ces faux-amis, nous les regrouperont sous le vocable de bourgeois-libéraux. Ce sont ceux qui, à travers l'Histoire, ont toujours su agiter le drapeau, non pour le ralliement à une noble cause mais pour servir leurs intérêts propres (toujours vils, bien entendu). Ce sont eux, en effet, qui aujourd'hui malheureusement mènent la danse. Cette « bourgitude » place ses pions afin que le jour venu, elle puisse tenir les postes clefs, être à la manœuvre.

Sur le terrain du politique, le Front National est déjà gagné par cette clique de libéraux-bourgeois. La plupart des nouveaux dirigeants du Front sont de cette engeance ou du moins en ont adopté l'esprit. Le départ ou la mise sur la touche des cadres frontistes de la première heure en est la preuve. Je ne parle pas ici du discours « social » et anti-mondialiste du Front National. Non, je parle de cette volonté des dirigeants actuels de se « ranger », de se « respectabiliser » à tout prix. Ils se conformisent, ils se corrompent, ils dégénèrent ; et en conscience.

Dans le monde catholique traditionaliste (Monseigneur Lefèvre ou affiliés), cet entrisme est aussi en passe de remporter la main. Un exemple, avec l'abbaye Sainte Madeleine du Barroux. A la mort de Jean Madiran (juillet 2013), le Père Abbé s’est publiquement désolidarisé de celui-là ; or, comment envisager cette action, si ce n’est comme une rupture ? Rappelons que Jean Madiran fut à la pointe du mouvement laïc pour la défense de la tradition. Madiran est consubstantiel à la lancée et à l’élévation du monastère du Barroux. Jamais, du vivant de son premier Père Abbé (le regretté Dom Gérard Calvet), une critique contre Madiran aurait pu voir le jour ; une chose totalement inconcevable. Mais voilà, Dom Louis Marie, lui, a choisi son camp : celui de la « bourgitude », du conformisme (une sorte de ralliement). Ce même Dom Louis Marie refusant publiquement, par ailleurs, que des prêtres puissent être ordonnés sous le rite tridentin s’ils ne faisaient pas partie d’une congrégation. On croit rêver...ou plutôt cauchemarder.

Au sein des associations de défense de la famille chrétienne, nous avons pu constater au moment des manifestations contre la mariage pour tous, cette révolution silencieuse à l’œuvre, ce phagocytage flagrant. Rappelons les faits. Le premier mouvement à avoir dénoncer la mascarade du mariage des homosexuels, le premier à avoir appelé à manifester, fut Civitas. Très vite, la machinerie s’est mise en place avec l'agglomération d'autres groupes, reléguant peu à peu Civitas en queue de cortège (avec distance de sécurité ; un peu comme un « cordon sanitaire »...) jusqu’à la désolidarisation totale d’avec lui par les dirigeants de La Manif Pour Tous. Les membres et les sympathisants de Civitas étaient des « extrémistes », des « affreux » ! Qui pris alors les rennes de cette Manif Pour Tous ? La « bourgitude » ; une clique composées d’uhèmepiste (UMP) et d’activistes de l’UNI (voir le code couleur révélateur utilisé lors des manifestations). Quand bien même les dirigeants cachés de ce mouvement en question n’avaient que faire du mariage des homosexuels (ils sont explicitement pour d’ailleurs, mais l’ont fait savoir après avoir récupéré le mouvement, tel Jean-François Copé), il fallait que ces manifestations ne leur échappent en aucun cas. Il fallait contrôler ce mouvement populaire. Ils ont réussi. Exit Civitas.

Sur le terrain de l’éducation catholique, c’est la même chose. Je ne parle pas ici de ces pseudo-écoles catholiques sous la coupe d’associations diocésaines, non ; ces écoles là sont déjà perdues depuis longtemps, étant tenues par une clique de laïcs francs-maçons (une autre « bourgitude ») et où le clergé n’a même pas voix délibérative, c’est dire. Non, je parle de ces écoles souvent hors contrats qui maintenaient encore le flambeau de l’instruction traditionnelle. Dans l'ancienne pédagogie, le savoir est au cœur de l’enseignement et son but est de transmettre des valeurs et un savoir authentiques ; c'était la pédagogie traditionnelle (le maître, l’élève et le savoir) mise en œuvre pour amener les élèves à maîtriser effectivement les fondamentaux (lire, écrire et compter). Ces écoles traditionnelles - il en existe encore, heureusement - font l’objet d’une forte demande, tant l’Éducation Nationale ne remplit plus son rôle, avec son enseignement de l’oubli, cette « amnésie organisée de la scolarité », pour reprendre un mot de George Steiner. Ces Écoles traditionnelles sont à présent, à leur tour, phagocytées par la même « bourgitude », tant l’argent corrompt les âmes, même les plus fortes... Davantage d’élèves (venant d’horizons autre que celui de la tradition) et une adaptation à la l’idéologie socio-culturelle des « géniteurs d’apprenants » (id est les parents, dans le vocabulaire des pédagogistes sauce Meirieu et con-sorts), ceci au lieu de profiter de l’occasion pour faire du prosélytisme, de convertir dans tous les sens du terme. De plus en plus d’élèves donc, un recrutement en professeurs de moins en moins rigoureux, un relâchement patent de la dimension catholique traditionnelle et de l’axe directeur principiel. Voilà que ces écoles défendent à présent (sur le fond) les pourrisseurs que furent Condorcet, Rousseau dans l’univers pédagogique ; autant dire que c’en est finit de ces écoles (qui furent) traditionnelles. Ces écoles sont perdues par avance quand on sait que certains chefs de file de l’alternative au pédagogisme ambiant, présentés pourtant comme critiques résolus au système pédagogique officiel, sont en fait des admirateurs de Condorcet (Cf. Anne Coffinier). On ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont causé.

Le même phénomène de phagocytage est donc observable dans ces trois secteurs que sont le politique, le religieux, le culturel, le scolaire. Le décorum est là, la pompe et ses oripeaux aussi, mais l’esprit originel n’y est plus. Nous sommes en présence de coquilles vides ! Cette situation satisfait les uns (donnant le frisson d’être de l’avant-garde à d'aucuns bourgeois-libéraux, col relevé et sèche autour du cou ; assurant certains, le petit nombre des manipulateurs-placiers, de maîtriser le phénomène) mais consterne les autres, les « anciens », les pionniers, les conscients.

Le libéralisme voue une haine viscérale pour la Tradition, il ne faut pas l’oublier ; il ne cherche d'ailleurs qu’à néantiser toute tentative dans cette direction. 

Une révolution s’opère depuis une dizaine d’années (au moins) et ceux qui risquent de la gagner ne sont malheureusement pas ceux qui auront ouvert la voie et qui en auront souffert (dans leur situation, leur chair, leur quotidien).

Il faut cesser de se faire enLuler (1) par cette clique ! Il faut redoubler de vigilance, ne céder sur rien et sûrement pas sur les principes, fût-ce au nom d’un pseudo-réalisme (autre nom pour la capitulation et la corruption).

Penser clair et marcher droit ! Ainsi, restera-t-il encore des intransigeants, des porteurs de flamme (chrystophoros). Ainsi, dans la nuit et le chaos mondialiste qui vient (2), il existera un point de ralliement...


Notes :

(1) néologisme issu de l’ancien président du brésil surnommé Lula, lequel « enfuma » ses concitoyen certains qu’ils seraient conduit, par l’élection de cette personne, loin du libéralisme mortifère alors que ce fut en réalité le but réel et conscient entrepris par ce parangon du libéralisme-bourgeois mondialiste. Ainsi les brésiliens ont-ils été « enLulé »...

(2) La théorie du chaos existe belle et bien. Nous n’avons pas attendu Thomas Kuhn pour le savoir.

 

Iconographie

https://fineartamerica.com/featured/saturn-devouring-his-son-1636-detail-peter-paul-rubens.html

 

NB : cet article a été écrit en janvier 2014.

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